• Parce qu'à l'indifférence, je préfère la haine [Naruto, Konoha High School]

    Nous étions meilleurs amis, unis à la vie à la mort. Mais mes sentiments d'amitié ont évolué. Je lui ai avoué, il m'a rejeté. Et maintenant, qu'est ce que je peux faire? SasuSaku et autres couples possibles...

     

    Chapitres: 18 (Achevée)

    Auteur: Mireba-chan

    Couple: SasuSaku (en s'en doute!) NaruHina, SasuKarin (uh, jsuis blasée), InoSai, ShikaTema, NejiTenten...

    Lien Original: http://www.fanfiction.net/s/5679088/1/

  • "Aurais-tu préféré que l'on ne se connaisse pas ? Aurais-tu préféré que je ne fasse jamais partie de ton monde ? Maintenant, je crois que ça aurait mieux valu." S. Haruno

    Samedi. Un jour ordinaire en outre. Le jour où généralement, les jeunes de mon âge sortent avec leurs amis. Pas moi. A croire que je suis l'exception dans ce vaste monde. Non, c'est surtout que je n'ai pas envie de sortir. Je n'en ai pas envie, parce que je sais que je le verrais forcément. Quand nous étions encore amis, on passait nos samedis après-midi à sortir, à flâner un peu partout en ville, se foutant complètement des devoirs qui nous attendaient. Mais ça, c'était avant. Avant qu'il ne me rejète. C'est à dire, il y a moins de deux semaines à présent. Quand j'y repense, aurait-il mieux fallu que je me taise ? Que je taise les sentiments que j'éprouve pour lui ? Non, ça aurait été de la lâcheté. Mais qui est le plus lâche de nous deux ? Il m'a rejeté, et maintenant j'ai mal. Non, la douleur n'est même plus rien comparée à l'indifférence dont il fait preuve à mon égard. Une seule question brûle mes lèvres. Pourquoi ? Pourquoi m'avoir rayé de ta vie aussi facilement ?

    Au fond, j'ai peut-être été idiote de croire qu'il existait un "nous" possible. Tes sentiments d'amitié auront-ils été faux eux aussi ? Je ne pense pas. Pas après toutes ces journées passées ensemble. Et pourtant, je ne comprend pas. Je regarde mon réveil. Il est à peine quinze heures. Dehors il pleut. J'avoue que je n'ai pas vraiment envie de sortir pour me geler sous cette pluie, mais je n'ai pas non plus envie de rester chez moi, seule dans ma chambre à ne rien faire. Etant donné que mes parents bossent tous les deux, je suis définitivement seule. Et je sais que si je reste ici, je vais continuer à ressasser ce souvenir douloureux. Alors quitte à choisir, je préfère marcher un peu. Et j'en ai besoin. Je me lève de mon lit, et descend machinalement les marches. D'un côté, je ne suis pas pressée. Je n'ai aucune envie de le voir. Ni lui, ni sa nouvelle copine, celle qui m'a bien fait marcher mine de rien. Cette garce. Karin. Quand je pense que c'est moi qui le lui ait présenté, je le regrette maintenant. Mais après tout, ce n'est pas moi qui a choisi de sortir avec elle. C'est lui, et personne d'autre. Je met ma veste, et je sors de chez moi.

    La pluie a cessé. Tant mieux, je n'avais pas non plus envie d'être trempée. Trainant les pieds, j'avance presque mécaniquement dans la rue. Je ne sais même pas où je vais, je n'ai pas de direction précise. J'ai juste besoin de marcher, histoire d'évacuer les pensées qui hantent mon esprit. Je ne fais même pas attention aux gens, à vrai dire, je m'en fous royalement. Et puis les gens ne font pas non plus attention à moi. Après tout, qui se soucierait d'une fille comme une autre qui marche seule dans la rue ? Personne. Personne ne se soucie de moi. Ah si, mes parents quand ils sont à la maison. Et encore, dans ces cas-là, c'est plutôt pour me rabaisser par rapport à mes notes. Je suis pas brillante, je le sais, mais je suis pas complètement nulle non plus ! Enfin pas en maths en tout cas. La matière que j'aimais réviser avec lui. Encore une fois, je suis en train de me laisser prendre par un souvenir, merde. Mes yeux me piquent, je sens les larmes venir. Je ne compte plus le nombre de fois où elles ont coulé récemment. Bizarrement, il se remet à pleuvoir. Comme si le ciel avait décidé de m'accompagner dans ma peine.

    Je continue de marcher, toujours le regard vers le sol. Je pense à lundi, parce que je sais que je le verrais. Il est en terminale, moi en première, mais bon, je le vois quand même au self ou pendant la pause. Et je n'ai pas envie de le voir. Je n'ai pas la force d'affronter, de supporter le fait que je n'existe plus à ses yeux. Tout ça parce que je lui ai dit que je l'aimais. Si j'avais sû... Mais c'est trop tard maintenant. Enfin, c'est lui qui a décidé ça. Soudain, des rires m'interpellent et je m'arrête. J'ai reconnu le sien sans peine, je l'ai tellement entendu autrefois. Rien que de l'entendre me procure une sensation de bien-être, mais aussi une immense douleur. Parce que je sais que nous ne rirons plus ensemble. Péniblement, je relève la tête. Et je le vois, sortir avec ses amis de la salle de jeux, la même salle où on allait parfois décompresser après les cours, sans se soucier du reste. Karin est accrochée à son bras, logique vu qu'ils sont ensembles. Je ne supporte pas la vue de son sourire béat sur les lèvres, il me donne envie de vomir. S'il ne m'avait pas rejeté, est-ce que je serais à sa place ?

    Aucun d'eux ne semble m'avoir vu. Tant mieux. J'ai envie d'avancer, mais je ne peux pas, mes pieds refusent de bouger. La peine m'envahit encore une fois, et j'ai peur de passer à côté de lui, lui, qui m'ignore totalement à présent. Courage, je dois être forte ! Me décidant enfin, je commence à presser le pas pour passer le plus rapidement devant eux. Je baisse la tête, je n'ai pas du tout envie de croiser son regard. Je saute du trottoir pour pouvoir les éviter le plus possible, et mes pieds tombent dans une putain de flaque. Je n'apprécie pas, et mes chaussures encore moins. Je ne sens même pas son regard sur moi. Celui de Karin oui, des autres aussi. Mais pas le sien. A croire qu'en effet, il m'a définitivement oublié. Ça me fait mal à en crever. Je n'ai qu'une seule envie, rentrer chez moi au plus vite. Je prend le sens inverse d'eux, et presse un peu plus le pas. La pluie a de nouveau cessé. Je passe par le pont, exceptionnellement. D'habitude, je n'aime pas, mais c'est le plus court chemin si je veux rentrer au plus vite. J'ai à peine le temps de faire trois mètres que je sens soudainement mes vêtements trempés. Je relève la tête pour crier « fais gaffe connard ! » et constate, dépitée, qu'il ne s'agit que de sa voiture. Oui, c'est bien la sienne, son coupé sport noir. J'enrage véritablement. Et je les sens enfin couler. Ces larmes, ces larmes de rage, de déception, et de peine. J'enrage contre moi-même, pour me mettre dans ces états pareils. Mais pourtant, est ce que je suis à blâmer ?

    Je rentre presque en courant chez moi, et je fonce directement dans la salle de bain. Je me débarasse de mes vêtements trempés, et rentre sous la douche. Ça me fait un bien fou, j'oublie totalement ce qui s'est passé. Enfin, partiellement. La douleur est encore bien présente au fond de moi. Elle reste ancrée, et pourtant je voudrais vraiment m'en détacher. Mais je n'y arrive pas, je n'arrête pas de penser à lui. Pourquoi, mais pourquoi m'a t-il rejeté ? Moi qui croyait le connaître, je me suis lourdement trompée. Je sors de la douche et enfile rapidement un débardeur et un short. Et je retourne directement dans ma chambre. Je regarde mon portable, pour le reposer aussitôt dans un soupir. Je fais le même geste depuis que nous ne nous parlons plus. Et chaque fois, c'est la même chose, il n'y a rien. Pas un message, pas l'ombre d'un appel de sa part. C'est vrai aussi qu'il doit réviser, pour les examens à la fin de l'année. Mais pourquoi je lui trouve cet excuse minable moi ? Non, je ne comprend toujours pas. Je me rallonge sur mon lit, et me met à songer à lundi. Aurais-je la force d'y aller sans rien paraître ? Je ne m'en sens pas capable. Surtout que je suis seule. Il m'a tourné le dos, et ses amis avec. Pourquoi ? Qu'ai-je fait, si ce n'est dire la vérité ? Je ne pense pas mériter tout cela. Okay, j'ai un caractère vraiment insupportable parfois, mais est-ce que ça excuse tout ce que je subis ? C'est ça, ma punition pour être tomber amoureuse de lui ? Comme si je l'avais voulu, comme si je n'avais pas essayer de taire mes sentiments ! Je me saisis de mon portable, et parcours rapidement ma boîte de réception.

    Je serais là comme tu me l'as demandé hier. A l'endroit habituel. Ne t'en fais pas, je serais toujours là pour toi. Quoiqu'il arrive.

    Son dernier message. Que j'ai maintes fois relu depuis ce fameux jour. Il m'a trahi, il m'a menti. Il est venu, m'a rejeté, puis est parti. Et maintenant, je suis seule.


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  • "Maintenant, il me faut la volonté de tenir debout. Et te voir n'arrange rien." S. Haruno

    Six heures. La sonnerie de mon réveil retentit, et me fous déjà la migraine pour le reste de la journée. Je me lève tranquillement, pas du tout pressée d'aller en cours. Normal, vu que je vais le voir. Je n'ai rien foutu de mon dimanche, à part rester dans ma chambre, allongée sur mon lit, à tenter bien que mal de faire le vide dans mon esprit. Ça n'a pas marché, j'ai toujours cette douleur béante dans la poitrine. Je passe dans la salle de bain, et revêt mon uniforme. Si ça ne tenait qu'à moi, je ne le mettrais pas ! Obligée d'être en jupe, je déteste ça. Surtout quand on sait que le prof de maths est un vieux pervers qui adore envoyer les filles au tableau pour leur mater les fesses ! Je ne supporte pas l'uniforme pour ça. Mais bon, je n'ai pas vraiment le choix, c'est partout pareil. C'est pour ça que je suis tellement contente d'être chez moi le soir et le weekend, je peux porter ce que je veux sans que personne ne me dise rien. Je jète un rapide coup d'œil à mon reflet dans la glace. J'ai vraiment une mine affreuse, on devine sans peine que j'ai presque passé mon temps à pleurer. Pas grave, de toute manière, personne ne fera attention à moi. Je descend rapidement les marches, attrape une pomme, et sors en claquant la porte, prenant mon sac au passage. Si ma mère voyait ça, elle serait hystérique. Elle n'arrête pas de me faire la morale sur la santé, et sur le fait que je dois manger le matin. Ce n'est pas ma faute si je n'y arrive pas !

    Le trajet jusqu'au lycée n'est pas trop long, enfin pas assez à mon goût. J'ai horreur d'arriver en avance. Je regarde ma montre. Il me reste une demi-heure. J'ai vraiment fait vite. Je décide de faire demi-tour, et d'aller là où il m'a rejeté, près de la falaise. On avait pris l'habitude lui et moi d'y aller après les cours, pour se raconter notre journée, ou simplement pour se foutre de la gueule des profs. C'était avant, une nouvelle fois, et pourtant ce n'est pas si loin. Deux semaines à peine… Arrivée, je m'approche de la barrière, profitant de la brise légère. L'endroit est magnifique, j'y allais souvent avec mes parents étant petite. Ce n'est vraiment pas haut, on peut même y voir une petite chute d'eau en dessous. Combien de fois sommes-nous venus ici lui et moi ? Des dizaines, des centaines de fois ? Ici, c'est tellement serein, surtout quand il n'y a personne. Oubliant vraiment tout, j'en oublie même que j'ai les cours qui commencent dans dix minutes. Me ressaisissant soudain, j'attrape mon sac, et me met à courir tout le long de la route. Je vais arriver en retard, je le sens. Je cours aussi vite que je peux, et aperçevant enfin les grilles du lycée, je manque de me faire écraser en traversant la route. Ignorant le coup de klaxon du chauffeur d'une voiture noire, j'arrive devant le portail en même temps que mon prof de maths, Ebisu-sensei. Il me jète déjà un regard louche alors qu'on est même pas en cours.

    -Alors Haruno, en retard ? Il est huit heures passées.

    -Et vous alors, vous n'êtes pas en retard peut-être ? murmurai-je d'un regard mauvais.

    -Tolérez votre comportement si vous ne voulez pas être collée !

    -J'en ai rien à foutre.

    -Parfait ! Si ça vous fait plaisir d'être collée à peine la semaine commencée, c'est votre problème ! Ah Uchiwa, en retard vous aussi !

    -Désolé, j'ai eu un contre-temps.

    Je me fige littéralement à l'entente de son nom, et surtout de sa voix. Je n'ai pas envie de me retourner, ni de le voir à peine la journée commencée. Non, je n'en ai pas la force. Je commence à marcher quand une main s'empare de mon bras.

    -Je ne vous oublie pas Haruno. On règlera ça à la fin du cours tout à l'heure.

    -C'est ça, maugréai-je, avant de me dégager vivement.

    J'ignore totalement son cri de protestation, et me remet à courir le plus rapidement possible. Je fonce en salle de japonais pour le premier cours. Par miracle, le prof n'est pas encore arrivé. Je m'installe à ma place habituelle, et sors mes affaires d'un geste lent. Mon cœur est encore sous le choc. Je réalise soudainement que c'était sa voiture qui a failli me renverser. Rien que le simple fait d'avoir entendu sa voix me donne le tournis. Le prof arrive, et le cours commence. J'écoute d'une oreille distraite, nullement intéressée par ce qu'il dit. Déjà que je n'aimais pas les cours, maintenant, il m'est encore plus pénible d'y assister. Parce qu'en plus, et c'est sans doute ce qui me fait le plus chier, c'est que Karin est dans ma classe. Et je sais pertinamment qu'elle et ses copines se foutent bien de ma gueule tous les jours. Normal, elle a eu ce qu'elle voulait. Lui. Entendre leurs rires de pouf me sort par les oreilles. On est lundi, et j'ai sport aujourd'hui. Le pire, c'est que les premières et les terminales sont ensembles. Ce qui veut dire que je le verrais, encore une fois. J'aimerais pouvoir disparaître, ce serait tellement plus simple. M'effacer. Personne ne le remarquerait de toute manière.

    Les deux heures de japonais passent, et la sonnerie retentit enfin. Tout le monde sort de la salle, tout le monde, exceptée moi. Je n'ai pas envie de sortir. Pour faire quoi de toute manière, et avec qui ? Avant, je le rejoignais devant sa salle, ou parfois c'était l'inverse. Oui parce qu'en plus, pour courronner le tout à ma peine immense, nos classes sont presques voisines. Autant dire que je n'ai vraiment, mais vraiment pas envie de sortir. Je sors mon baladeur de mon sac, et met mes écouteurs. Je pose mon regard par la fenêtre, et fixe un point au hasard. La solitude. C'est vraiment la pire des souffrances. Malgré moi, les larmes perlent à mes cils, et se mettent lentement à couler. Je m'étais promise de ne pas pleurer au lycée, merde. Me relevant brusquement, je sors de la salle en courant pour aller dans les toilettes. J'attend que les filles qui y sont partent, pour fermer la porte et me regarder dans le miroir. Ces larmes, j'aimerais tellement qu'elles cessent. Mais c'est plus fort que moi, j'ai si mal que j'ai besoin de les faire couler. Pour effacer la peine qui me ronge par la même occasion. Je me rafraîchis le visage vite fait, et constate avec horreur que mes yeux sont encore rouges et gonflés. Et puis à quoi bon, j'en ai rien à foutre. Comme ça les gens verront à quel point je souffre. A quel point il m'a fait du mal, en me rejetant ainsi. J'ouvre la porte, commence à marcher vers ma salle les yeux rivés au sol.

    -Tu es là !

    Je m'arrête un instant, reconnaissant la voix de Karin sans peine. Ça veut dire qu'il est encore juste devant moi. Serrant les poings, je continue à marcher, la tête encore plus baissée, et me heurte avec violence à quelqu'un. Sous le choc, je tombe à terre, et apparemment lui aussi.

    -Aïe ! fis-je.

    -Hum, désolé, répond mon interlocuteur.

    Cette voix grave. Non, ça ne peut pas être lui. Impossible. Le cœur battant, je lève les yeux doucement, et constate avec soulagement que non, ce n'est pas lui.

    -Ça va ? me demande t-il la main tendue.

    -Euh, ouais merci, soufflai-je.

    Je prend sa main, et il me relève sans difficulté. Puis je pars aussitôt, ne le laissant pas le temps de me parler si c'était ce qu'il voulait. Je les croise, lui et Karin, qui me regarde d'ailleurs d'un drôle d'air. Lui ne semble pas me regarder. Logique de toute manière. C'est d'autant plus pénible. Je retourne dans la salle, en même temps que la sonnerie retentit. C'est l'heure du cours de maths tiens ! Le prof entre, et me lance d'emblée un regard furieux. Que je lui rend bien. Merde, il va m'envoyer au tableau, je le sens.

    -Prenez vos exercices pour aujourd'hui. Oh, Haruno ! Au tableau, et vite !

    -J'ai pas fait mes exercices m'sieur, rétorquai-je.

    -Vraiment ? Tant pis, vous allez venir les faire quand même. Tout de suite !

    Je me lève, vraiment agacée par ce putain de prof. Je monte sur l'estrade, et fait les exercices sans broncher mot. Je n'en pense pas moins, et l'air assassin que j'aborde sur mon visage peut se lire sans peine. Oh oui, il me fait vraiment chier ce connard. Je sens en plus son regard me déshabiller, chose que je hais véritablement. Je finis vite, et pars sans demander mon reste. Karin et ses copines me fixent en ricanant, comme d'habitude, mais j'en ai rien à foutre. Si elle a un problème, elle a qu'à venir me le dire en face. Et là, je pourrais enfin régler mes comptes avec sa tête de garce. Le cours passe vite lui aussi, à mon grand soulagement, et tout le monde se lève dès que la fin du cours sonne.

    -Haruno, une minute !

    Putain, il va pas me lâcher celui-là ! Je vois Karin me jeter un regard narquois, et sortir avec ses poufs qui l'accompagnent. Elle va sans doute le rejoindre, et me nargue. Connasse. Je m'approche d'un pas lent vers le bureau, et le prof daigne enfin lever les yeux vers moi au bout de deux minutes.

    -Je n'ai pas apprécié votre comportement de ce matin Haruno. Vous semblez oublier que je suis votre enseignant.

    -Je ne vous ai rien dit de déplacé.

    -Non, vous êtes juste partie alors que je n'en avais pas fini avec vous. Vous trouvez ça normal ?

    -Et vous, vous trouvez ça normal d'envoyer les filles au tableau pour les reluquer ?

    -Qu… Vous vous prenez pour qui ! crie t-il soudainement, en se relevant.

    Je suis pratiquement sûre que sa voix a été entendue dans tout le couloir. Si ses yeux fulminent, les miens lançent des éclairs. Je ne supporte pas qu'on se foute de ma gueule.

    -Très bien Haruno ! Sortez d'ici, je ne veux plus vous revoir dans mon cours, c'est compris ?!

    -Très, répliquai-je sur le même ton.

    -Et ne prenez pas ce ton-là avec moi, ou je vous fais expulser de ce lycée sur le champ !

    Allez, fais-donc ! Comme ça moi, je me ferais un plaisir de dire partout que t'es qu'un pervers. Enervée, je sors de la classe, devant les regards ahuris de tous les gens qui se trouvaient dans le couloir. Par chance, il n'est pas là. Qu'aurait-il dit ? Aurait-il pris ma défense ? Non, faut pas rêver ma pauvre. C'est fini ça. Je me rend à la cafeteria d'un pas lent, prenant tout mon temps dans les couloirs. Avant d'y entrer, je fourre mes écouteurs dans mes oreilles. Comme ça, je me sens un peu moins seule, et je n'entend plus rien autour de moi. Je pousse la porte rapidement. Bizarrement, j'ai la désagréable sensation que plusieurs têtes se sont tournées vers moi. Peut-être que je me fais des fausses idées. Ou pas j'ai envie de dire, vu que je sens distinctement des regards braqués vers moi. Sans doute le scandale de ce foutu prof ! Au pire, je m'en fous. J'ai tellement l'habitude, que je n'y fais plus vraiment attention maintenant. Je ne sais pas pourquoi je suis venue, je n'ai même pas faim. C'est histoire d'avoir bonne conscience envers ma mère. Je regarde vaguement les sandwichs exposés dans la vitrine, aucun ne me tente vraiment. Soudain, je sens une tape sur mon épaule. Je stoppe ma musique, et me tourne vers… Tayuya, la meilleure amie de Karin. Plus poufiasse tu meurs.

    -Hé, je te demande de te pousser depuis tout à l'heure !

    -Scuse, maugréai-je.

    -Et pourquoi tu gardes tes écouteurs quand je te parle ? Ça te dérangerait de les enlever ?

    -Pour toi, ouais.

    -Quoi ? T'as un problème Haruno ?

    Super, manquait plus que ça. C'est mon jour ou quoi ? Bien décidée à ne pas me laisser faire, je repose mon attention sur la vitrine.

    -Ho ! Tu te fous de moi là ?

    -C'est ça, t'as tout compris. Comme quoi, les poufs ont un peu de cervelle, murmurai-je.

    -T'as dis quoi là ?! explose Tayuya.

    Là c'est clair, tout le monde nous regarde. Tout le monde… même lui. Je l'aperçois à une table un peu derrière Tayuya. Karin observe la scène, collée à lui, un sourire sur les lèvres. Elle doit sans doute espérer que Tayuya me foute une raclée. Comme si j'allais lui offrir ce plaisir ! Oubliant l'idée du sandwich, je pousse Tayuya et me dirige vers la sortie. Je m'autorise un rapide coup d'œil vers sa table, mais il a déjà reporté toute son attention sur Karin. Ça me dégoûte. Je quitte la cafetéria sous de nombreux regards, et sors dans la cour. Le cœur battant, je me dirige dans un coin discret, là où au moins personne ne viendra me faire chier. Je m'asseois à l'ombre d'un cerisier, et ferme les yeux. Bon sang. Bon sang ! Ça ne finira jamais, cette douleur incessante dans ma poitrine ? J'ai si mal, tellement que je n'en peux plus. Et pourquoi ne remarque t-il rien merde ! Encore une fois, les larmes me montent aux yeux, et se mettent doucement à couler. J'en ai vraiment marre de pleurer, marre de me mettre dans ces états pareils pour lui ! Lui qui ne voit rien, et qui ne fait rien ! Mais merde enfin ! Ou alors, ça lui plaît de me voir souffrir ? J'aimerais penser que non, mais après tout, peut-être que si. Je suis franchement naïve. Des bruits de pas proches de moi attirent mon attention. Je lève les yeux rougis vers le nouvel arrivant près de moi.

    -Ah excuse-moi, je ne savais pas qu'il y avait déjà quelqu'un.

    Je le reconnais sans peine, à travers mes larmes. C'est le garçon dans lequel je suis rentrée ce matin, à la pause. Celui qui est dans sa classe. Je commence à me lever, mais il me coupe dans mon élan.

    -C'est bon, je vais me trouver un autre endroit, me dit-il dans un sourire.

    Un sourire à mon égard. Ça fait tellement longtemps que je n'en ai pas eu. Je n'ai même pas le temps de dire un mot qu'il est déjà parti se poser au pied d'un autre arbre un peu plus loin. C'est étrange. Sa présence m'a un peu apaisé, même pour quelques secondes. Et puis, pourquoi est-il seul ? Au départ hésitante, je me lève pour aller à sa rencontre. J'oublie que de là, tout le monde peut nous voir. Je m'en fiche. J'ai le droit de parler à quelqu'un que je sache. Je le vois lever ses yeux sombres vers moi, et je ne peux m'empêcher de me dire qu'ils se ressemblent. Est-ce pour cela que sa présence me rassure ?

    -Euh… commençai-je.

    -Oui ? répond t-il dans un autre sourire.

    -Je… je suis désolée pour ce matin, fis-je en m'inclinant.

    -Hein ? Pourquoi ?

    -Je regardais vraiment pas où j'allais, si j'avais fait plus attention je ne te serais pas rentrée dedans…

    -Ne t'en fais pas, ce n'est pas ta faute. J'avais la tête ailleurs moi aussi, alors je suis aussi fautif que toi, ajoute t-il en souriant.

    -Euh, oui sans doute…

    Ce garçon. Son sourire me destabilise franchement. Je le fixe de mes yeux émeraudes un moment. La ressemblance avec lui est incroyable. Brun, yeux noirs. Il est vraiment beau, tout comme lui. Le voir, me procure une sensation de bien-être, mais réveille en même temps mes souvenirs.

    -Tu veux t'asseoir ? me demande t-il.

    Mon cerveau met du temps à cogiter que c'est à moi qu'il a parlé. Je dois avoir l'air stupide aussi à le fixer comme ça ! Il ne me faut pas beaucoup de temps pour réfléchir à sa proposition.

    -Je vais chercher mes affaires.

    Je pars presque en courant jusqu'à l'arbre où je me trouvais un peu plus tôt, et saisis mon sac vivement. Puis je reviens au pas de course vers lui, et m'asseois à sa droite. Je le vois sortir une boîte à bento, tandis que je sors ma malheureuse pomme de mon sac. Il me fixe un court instant, et me demande :

    -Tu manges que ça ?

    -Euh, ouais, bafouillai-je en rougissant.

    -On a sport après il me semble. Tiens, tu n'as qu'à te servir, me dit-il en me tendant sa boîte.

    -Je… je ne peux pas accepter, c'est à toi mange…

    -Il y en a beaucoup trop pour une seule personne ! Sers-toi si tu en as envie, je ne te force pas, ajoute t-il en riant doucement.

    En y repensant, j'avoue que j'ai vraiment faim. Faut dire que je ne mange pas beaucoup ces derniers temps. Faut que je fasse gaffe, je n'ai pas envie de ressembler à Karin et ses poufs ! Prenant la paire de baguettes qu'il me tend, je prend un peu de riz. C'est délicieux, vraiment. Si ma mère verrait ça, elle criserait ! Moi qui ne mange rien en temps normal, elle me dirait que je me fous vraiment d'elle ! Il ne me pose aucune question, et j'en suis plutôt heureuse à vrai dire. Malgré le silence pesant qui règne, je savoure sa présence. Avoir quelqu'un à côté de moi, qui ne me juge pas pour ce que j'ai fait, ni pour ma personne, me procure vraiment du bonheur. Nous mangeons en silence, normalement, comme si on se connaissait depuis des années. Alors que c'est un total inconnu pour moi ! A part savoir qu'ils sont dans la même classe, je ne sais rien d'autre. A nouveau, je me demande pourquoi il est seul. N'a t-il aucun ami ? Je brûle d'envie de lui demander, mais en même temps, c'est vraiment trop indiscret !

    -C'est vraiment lourd d'être observé quand on mange, tu trouves pas ? dit-il, brisant le silence.

    -Hein ?

    -Par la fenêtre.

    Je tourne la tête, et constate en effet, de nombreux regards vers nous. J'en reconnais quelques uns, dont ceux de ses amis. Mes anciens amis maintenant. A peine ai-je posé mon regard sur eux qu'ils ont vite détourné la tête. Il n'y a que lui qui ne semblait pas regarder, trop occupé à embrasser Karin. Cette vision me répulse, ça me fout la nausée. Je n'ai plus faim tout d'un coup. Je me met à fixer mes chaussures, croisant mes bras autour de mes genoux. Je sens brièvement le regard de mon voisin sur moi. Puis la sonnerie stridente retentit dans la cour, et je le vois se lever. J'en fais de même.

    -Euh, merci pour le repas, murmurai-je.

    -Tu n'as presque rien mangé ! Je n'appelle pas ça un repas.

    -Je… n'ai pas très faim.

    -Je comprend. Et bien, je t'en prie. Ça m'a fait plaisir de le partager avec toi, rajoute t-il, tout sourire.

    Encore un sourire. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai le cœur qui bat fort.

    -Je dois passer au secrétariat avant le cours. A tout à l'heure alors.

    -Euh, oui.

    Il commence à s'éloigner, et je sens la solitude me gagner de nouveau.

    -Attends !

    Je le vois se retourner à l'entente de mon cri, et je me sens d'un seul coup bête, vu que j'ai crié fort.

    -C'est… c'est quoi ton nom ?

    -Azuki, Azuki Sai, répond t-il, souriant une nouvelle fois.

    Puis il retourne sur ses pas, et me laisse seule dans la cour, au milieu des élèves qui commencent à circuler. Commençant à marcher vers le gymnase, je repense à ce moment rapide passé avec Sai. Grâce à lui, je n'ai presque pas pensé à ma douleur. Et aussi étrange que ça puisse paraître, mes lèvres se tordent dans un sourire.


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  • "Merci pour les mots que tu m'as dit." S. Haruno

    Par chance, j'arrive assez tôt au gymnase. Il n'y a presque personne dans les vestiaires quand j'y rentre, et pas de Karin en vue. Je suis sûre qu'elle aurait cherché un prétexte pour me ridiculiser, ou dans ce genre-là. Je me pose dans un coin, et me change rapidement. J'appréhende le cours de sport, vraiment. Parce que je vais le voir. Je préfèrerais vraiment ne pas le voir. Ce serait tellement plus facile pour moi de tenter d'oublier. J'ai parfois l'impression que je ne serais jamais assez forte pour chasser ce souvenir de mon esprit. Je secoue la tête, il ne faut pas que je laisse les larmes prendre le dessus. Non il ne faut pas. Laissant mes cheveux détachés, je sors d'un pas lent du vestiaire. Pour mon plus grand désespoir, je croise Karin et les autres cruches qui l'accompagnent. Tayuya me jète un regard mauvais, alors que Karin fait celle qui ne m'a pas vu. J'ignore Tayuya, et continue mon chemin. Je me retrouve à nouveau dans la cour, et me pose contre un mur en attendant le prof, Gaï-sensei. J'avoue que ce type est un grand malade quand il s'agit des exercices physiques, j'ai jamais réussi à suivre sa cadence, et peu d'élèves peuvent s'en vanter à vrai dire. Enfin je me débrouille tant bien que mal.

    Ayant pris mon baladeur, je fourre à nouveau la musique dans mes oreilles. Je crois qu'actuellement, je ne pourrais pas me passer de ça. Même si la musique est mélancolique, c'est plus fort que moi, je ressens le besoin d'en écouter un peu plus jour après jour. Pour ne plus penser à rien, ne plus penser à lui, à ses mots. C'est du Archive, tant mieux, rien de tel pour décompresser. Je ferme les yeux, et me laisse glisser contre le mur. De toute manière, personne ne va venir à ma rencontre pour me tenir la conversation alors. Et le prof est toujours en retard. Mettant ma tête entre mes genoux, j'attend, bercée par la musique. Logiquement, on a athlétisme. Soudain, je sens des gouttes tomber dans mes cheveux. Je relève lentement la tête, et constate qu'il commence à pleuvoir. Les élèves autour de moi protestent, et rentrent dans le gymnase. Soupirant, je me lève et rejoins les autres à l'intérieur. Au moment où je coupe ma musique, le prof arrive.

    -Excusez-moi pour le retard ! Wow, la météo n'est pas géniale en plus !

    Tandis que le prof compte les élèves, j'en vois certains tirer la tronche, comme si le fait qu'il pleuve soit la pire des choses qui pouvait arriver. C'est que de la pluie, vous allez pas en mourir non plus ! Ce sont les filles qui se plaignent pour la plupart. Je n'entend pas la voix de Karin, bizarre tiens.

    -Excusez-nous sensei ! crie une voix aigüe parfaitement désagréable à mes oreilles.

    Je jète un bref regard, avant de le détourner aussitôt, étant donné qu'il est à côté d'elle. Lui et tous ses amis d'ailleurs. Puis me rappelant de Sai, je le cherche des yeux, et finis par l'apercevoir, à l'opposé de là où je suis. Je ne pense pas qu'il m'ait vu, et je n'ai pas non plus envie de lui imposer ma présence. Il a déjà été tellement gentil envers moi ce midi, même si on ne s'est pas parlés plus que ça. Il est encore seul, et je ne comprend pas pourquoi, vu la gentillesse dont il a su faire preuve avec moi. Mais après tout, ça ne me regarde pas.

    -Bon ! Etant donné qu'il pleut, on va être obligé de rester ici. Des idées ?

    -Moi Gaï-sensei ! On pourrait faire du volley ! s'exclame Rock Lee, élève de sa classe.

    Ce mec, est le plus grand fanatique de sport que j'ai jamais vu. Infatigable, il s'entraîne toujours quand il le peut. Je l'envie, il a au moins une passion dans la vie ! Il idole le prof, c'est à peine croyable. La seule chose que je sais vraiment de lui, c'est qu'il a toujours été sincère envers moi. Je sais que lui, ne m'aurait pas tourné le dos.

    -Hum, pourquoi pas, bonne idée Lee. Tout le monde est d'accord ?

    -Non sensei, s'écrie Tayuya. Les mecs sont plus forts que les filles, et puis c'est trop brutal comme sport !

    Trop brutal ! Je ricane intérieurement, elle me fait vraiment trop pitié. Elle a peur de se casser un ongle ou quoi ?

    -On pourrait faire danse plutôt, non ? Pour une fois, ça changerait !

    -Parce que vous croyez qu'on va faire de la danse ? dit Kiba Inuzuka, un ami à lui. Hors de question !

    Les mecs approuvent, et j'avoue être de leur côté. Moi-même, je vois pas pourquoi je ferais danse. Déjà, je n'ai sans doute pas les mêmes goûts musicaux que la plupart des filles, et puis même, danser… Merci, je n'ai pas envie d'être ridicule !

    -Vous pouvez faire volley de votre côté, tandis que nous, on fait danse. Ça vous va ?

    -Mouais.

    -Bon, alors c'est réglé. Les garçons, vous restez là, les filles, vous allez au fond du gymnase.

    Tayuya et ses amies poussent des cris de victoire, tandis que je reste hébétée. Sans blague, je vais vraiment devoir danser ? Dans la cohue, je m'approche du prof.

    -Euh sensei, si on a pas envie de faire danse, on fait quoi ?

    -Hein ? Haruno ! Je suis sûre que même toi, tu sais faire bouger ta frimousse !

    -C'est pas le problème, fis-je en arquant un sourcil.

    -Hum, je vois. Mais je ne peux pas te laisser jouer avec les garçons aussi. Et je refuse que tu ne fasses rien, donc va avec les filles, et essaye de te donner à fond ! ajoute t-il en faisant sa pose ridicule.

    Blasée, je traverse le terrain en passant sur les côtés, pour aller rejoindre les autres filles. J'en vois certaines qui n'ont pas l'air d'avis de danser elles non plus, ça me rassure. J'écoute d'une oreille distraite Tayuya qui explique son idée aux autres.

    -Alors, je propose qu'on mette de la bonne musique, et qu'on réfléchisse à une chorégraphie. Pas d'objection ?

    -Non, ça va être super ! s'exclament la plus grande majorité.

    -Okay ! Bon alors la musique… Hum… Haruno !

    -Quoi ? répondis-je, me tournant vaguement vers elle.

    -T'es avec nous ou quoi ? Je t'écoute, propose moi quelque chose !

    Elle se fout véritablement de moi là ! Elle sait parfaitement que j'en ai rien à foutre de son cours de danse et de sa chorégraphie, alors qu'est-ce qu'elle vient me faire chier sérieux ! Je fouille dans ma tête quelque chose de plausible qu'elle puisse accepter, mais j'avoue que je sèche un peu.

    -Alors ? demande t-elle sèchement, le regard noir.

    -Bad romance.

    Ma foi, je me suis surprise moi-même en disant cela. J'avoue que c'est la première chanson qui m'est venue à l'esprit, et le pire, c'est que je hais cette chanson et l'artiste. Ça a l'air de plaire, vu le sourire que Tayuya affiche sur ses lèvres. Je commence à regretter d'avoir ouvert la bouche.

    -Pas mal ! Ouais, c'est bien ça ! Tout le monde est d'accord ?

    -Ouais !

    Je vois Karin partir chercher le poste, tandis que Tayuya s'approche de moi.

    -T'as pas de si mauvais goûts finalement.

    -Détrompe-toi. J'ai juste pensé à la première chanson qui pouvait convenir à une fille comme toi.

    Ses yeux marrons s'écarquillent de fureur, et j'en profite pour m'éloigner un peu. Je suis plutôt fière de moi. Je m'assieds et me met à regarder les garçons qui ont déjà commencé leurs matchs à ce que je vois. Je vois Sai, et déglutis en voyant qu'ils sont dans la même équipe. Malgré moi, je n'arrive pas à détacher mon regard de lui. Je sais que je ne devrais pas, je le sais, et pourtant, je continue à le fixer. Puis l'espace d'un court instant, nos regards se croisent, et je détourne brusquement la tête, m'infligeant par la même occasion une belle douleur au cou. Bordel, est-ce qu'il a vu que je le fixais ? J'espère vraiment que non. Tout en massant ma nuque, Karin finit par arriver enfin, et je vois Tayuya lui murmurer quelque chose. Karin me jète un regard mauvais, donc j'en conclu que Tayuya lui a balancé ce que je lui ai dit. Je m'en contrefous bien. Karin sort une clé usb de sa poche, et la branche. Puis elle met la musique qu'elle veut, et pousse le volume à fond. Direct, tous les mecs se tournent vers nous, et j'ai presque honte d'être de ce côté du gymnase. Karin et ses copines se déhanchent comme des parfaites pétasses, et je regarde blasée ce spectacle. Elles sont au centre de l'attention de tous les mecs, et elles le savent bien. Je jète un regard vers tous les abrutis qui les mattent, et est bien heureuse de ne pas être en train de danser comme elles. Rapidement, plusieurs mecs abandonnent leur terrain pour rejoindre les filles. Je trouve ça… aberrant. Non sérieux, c'est d'un pathétique total. Si ils ont envie de faire la fête, ils n'ont qu'à aller en boite, ça sera mieux pour tout le monde, et surtout pour moi. Puis sans comprendre pourquoi, je vois Karin s'approcher vers moi avec un sourire aux lèvres. Qu'est-ce qu'elle me veut celle-là…

    -Viens danser. Après tout, c'est toi qui a proposé cette chanson, alors viens faire honneur à ton choix.

    Je la fixe un moment, me demandant si elle n'en fait pas exprès. Ce qu'elle cherche, c'est me détruire, je le sais, je la connais par cœur. Quand je pense que j'ai failli devenir son amie, ça me donne envie de vomir. Elle espère que je vais me lever et danser comme elle, juste pour pouvoir se foutre de moi. On aura tout vu.

    -Non merci, j'en ai pas envie.

    -Oh je vois. Ton truc toi, c'est plutôt de te taper le prof de maths c'est ça ?

    Je la regarde, interdite. Je comprend soudainement pourquoi on m'a regardé étrangement ce midi. Cette fille, a lancé une rumeur sur moi. C'est clair, je la hais. Et le pire, c'est qu'elle enchaîne.

    -Heureusement que Sasuke t'a repoussé, je n'imagine pas la tête qu'il aurait fait en apprenant la nouvelle.

    Son prénom. Elle vient de dire son prénom. Alors que depuis deux semaines précisément, je m'évertue à ni le prononcer, ni le penser. Souriant à mon tour, je me lève à mon tour et lui fais face. Contenant malgré moi toute la rage que je ressens en ce moment, je lui assène une gifle misérable comparé à ce qu'elle mérite. Et pour mon plus grand malheur, Karin se jète à terre. Bien sûr, plus facile de faire sa victime. Tayuya pousse un cri strident, et la musique s'arrête. Le souffle court, la main encore tendue, je regarde Karin qui se tient la joue, le visage déformé par la colère.

    -Karin !

    Tayuya arrive devant moi et me fout à son tour une baffe qui puissante, me cogne contre le mur. Aïe, elle m'a pas loupé la salope. Puis aveuglée, et oubliant complètement que tout le monde nous regarde, je m'avance vers elle et lui fout le plus beau coup de poing de toute sa vie j'en suis sûre. Elle vacille sur le coup, et tombe aux côtés de Karin, les yeux mi-clos. Cette dernière me lance un regard noir, et se met à pleurer.

    -Tayuya… elle s'est évanouie ! se met-elle à crier.

    Le prof se dirige en courant vers elle. Il règne un silence incroyable, les regards sont braqués sur nous, je les sens distinctement. Karin me regarde, les yeux remplis de fausses larmes.

    -T'es complètement malade ou quoi ! T'aurais pu la tuer !

    Je n'arrive pas à retenir mon sourire. La tuer ? Avec un malheureux coup de poing ? On nage en plein délire.

    -T'es qu'une sale traînée qui te tape le prof ! Assume au moins ce que tu fous, au lieu de t'en prendre aux autres !

    Stop, j'en ai assez entendu. Serrant les poings, je me dirige lentement vers la sortie, mettant au passage mes écouteurs. Je garde les yeux rivés au sol, ignorant les regards tous tournés vers moi. Tous, ainsi que le sien. Celui de Sasuke. Je peux le sentir sur moi, mais je n'ai pas envie de relever la tête. Je suis trop énervée, bien trop énervée. J'ai besoin de me défouler. Et vite. Je pousse la porte sans ménagement et celle-ci s'écrase contre le mur. La pluie m'accueille, battante comme jamais, et je continue de marcher, ne sachant pas vraiment où je vais. Quitter le lycée ne m'attirerait que des ennuis, mais en même temps, au point où j'en suis… Je franchis le portail, et marche longtemps sous la pluie. Je ne vais nulle part, ma conscience est totalement ailleurs. Son regard, je l'ai senti. Indifférent comme toujours. Les larmes dévalent mes joues déjà dégoulinantes par la pluie. Puis exténuée, je tombe à genoux dans la rue.

    -Je n'en peux plus…

    Les sanglots que j'ai vaguement tenté de refouler, surgissent du plus profond de mon cœur. J'ai mal, terriblement mal. Ma respiration se fait difficile, ma vue déjà brouillée par les larmes se trouble. Qu'est-ce que j'ai bien pû faire pour mériter cela ? Le ciel m'accompagne une nouvelle fois dans ma douleur. Je me relève juste pour m'asseoir sous un abri. La tête entre les genoux, je n'arrive plus à retenir les larmes qui me paraissent interminables. Je me moque bien si les gens me regardent ou non, j'en ai rien à foutre. J'ai l'impression que tout s'acharne contre moi. Et Karin… Je n'ai jamais autant haï quelqu'un je crois. Oui. Elle vient clairement de déclarer la guerre entre nous. Tant pis, peu m'importe ce qui arrivera, j'ai l'impression que rien de pire ne peut m'arriver désormais. Je ne compte pas le temps qui passe, tout comme je ne compte plus mes larmes depuis longtemps. Peu à peu, je finis par me calmer, et mes larmes deviennent moins présentes. C'est comme si je m'étais vidée de toute l'eau de mon corps. Je me lève, et me dirige vers le lycée d'un pas lent. Je suis presque certaine que Tayuya n'a rien, et qu'elle a joué la comédie, comme Karin. J'en suis sûre. Aussi sûre que je vais me prendre une sacrée soufflante par la directrice, Tsunade. Elle ne tolère pas ce genre d'incidents, et je ne peux pas lui en vouloir. Je vais sans doute finir expulsée du lycée. De toute manière, je suis déjà virée du cours de maths. C'est peut-être mieux ainsi d'un côté. Au moins, je n'aurais plus à supporter tout ça. Oui, ça valait mieux.

    oOoOoOoOoOo

    -Vous croyez que Tayuya est vraiment tombée dans les pommes ? murmura Kiba aux autres mecs.

    -J'en sais rien, mais à mon avis, elle et Karin ne vont pas laisser passer ça, répondit Shikamaru. C'est vraiment galère cette histoire en tout cas.

    Les garçons avaient repris leur partie, tandis que les filles, choquées, restaient dans leur coin. A l'exception de Temari et Tenten, qui les avaient rejoint. Tout le monde dans le gymnase ne parlait que de ça, Gaï étant parti accompagné Tayuya et Karin à l'infirmerie. A ce moment, Sasuke et Naruto entrèrent dans le gymnase, et rejoignirent les autres.

    -Alors, comment va Karin ?

    -Bien, répondit évasivement Sasuke. Tayuya reste se reposer à cause du choc.

    -Haha, Sakura ne l'a pas raté. Elle a un joli bleu à la joue.

    Sasuke lui jeta un regard noir, et se posa à côté de Neji contre le mur, les mains dans les poches. Naruto prit la balle des mains de Shikamaru, et commença à faire des échanges avec Kiba.

    -Vous pensez que c'est vrai ? demanda ce dernier.

    -Quoi donc ?

    -Que Haruno se tape Ebisu.

    -Je la pense pas capable de ça, répondit Tenten. Vous êtes pas en cours avec moi, et je peux vous assurer que ce bouffon ne rate pas la moindre occasion de lui foutre la honte. Et il envoie toujours elle au tableau !

    -Il paraît qu'il l'a viré du cours.

    -Oui ! Alors qu'elle n'a rien fait ! C'est ce prof qui a un problème si vous voulez mon avis. Et désolée Sasuke, mais Karin l'a vraiment cherché.

    -Sasuke y peut rien, murmura Naruto en scrutant le visage impassible de son ami. En tout cas, je me demande où est passée Sakura. Vous avez vu la tête qu'elle avait ?

    -Ouais, elle faisait flipper tu veux dire. J'espère qu'on va pas apprendre qu'elle s'est…

    -Idiot ! cria Tenten à Kiba. Comment tu peux dire de tels trucs ?!

    -Oh doucement ! J'ai pas dit que je voulais qu'elle meurt, sérieux, elle m'a rien fait Sakura !

    -J'espère bien ! Déjà que ça doit pas être facile pour elle alors si en plus…

    Elle s'interrompit devant le regard sombre de Sasuke. Naruto et Kiba ne dirent plus un mot, jusqu'à ce que Sai rentre dans le gymnase, passablement trempé.

    -Oh Sai ! s'exclama Naruto.

    -Qu'est-ce qu'il y a ?

    -Ben, t'as trouvé Sakura ? C'était bien ce que tu faisais non ?

    -Oui. Et non, je ne l'ai pas trouvé, répondit-il en baissant les yeux.

    -Ah. Ça veut dire qu'elle s'est barrée du lycée, ça craint… murmura Kiba.

    -Tu l'as dit, ajouta Naruto en se tournant vers la fenêtre. Ah ! Elle est là-bas !

    Tous se ruèrent à la fenêtre, à l'exception de Sai, Sasuke et Neji.

    -Elle est trempée à mort ! s'écria Tenten. Et vous avez vu l'air qu'elle aborde ?

    Sai se dirigea vers la porte, s'attirant au passage le regard de Sasuke. Tous deux restèrent un moment à se fixer, jusqu'à ce que Sai détourne la tête. Puis tous virent Sai aller à la rencontre de Sakura.

    -Vous croyez qu'ils sortent ensemble ? murmura Kiba.

    -Je sais pas trop quoi te répondre. En tout cas, il était vraiment soucieux pour elle.

    Naruto jeta un regard vers le brun, qui le lui rendit. Puis il sortit dehors, et Naruto le suivit.

    oOoOoOoOoOo

    Je suis à peine entrée dans le lycée, que l'envie de m'enfuir à toutes jambes me prend soudain. Non, reculer ne servirait à rien. Je dois assumer ce que j'ai fait. J'espère qu'on ne voit pas que j'ai pleuré comme jamais. Haussant les épaules, je continue de marcher, jusqu'à ce que j'entende des bruits de pas venir dans ma direction. Je lève les yeux, et vois Sai arriver vers moi en courant. Puis arrivé à ma hauteur, il reprend son souffle et me regarde de haut en bas.

    -T'es… complètement trempée.

    -Toi pas peut-être ?

    -Hum…

    Pourquoi ? Pourquoi semble t-il si inquiet pour moi ?

    -Je me doute bien que non, ça ne va pas bien. Mais tu m'as fait une frayeur tu sais Sakura ?

    -C-comment tu sais que je m'appelle Sakura ?

    -Je suis dans la classe de Sasuke je te rappelle. Je suis au courant de pas mal de choses.

    Je suis bien incapable de parler. Ce garçon, pourquoi est-il si gentil avec moi ? Il ne me connaît pas, et pourtant, il me dit qu'il s'est inquiété pour moi. Je m'en veux bon sang.

    -Il faut… que j'aille voir le prof.

    -Il est à l'infirmerie avec ces deux poufs. Je pense plutôt que tu devrais aller te changer, si tu ne veux pas attraper froid.

    Il me tend la main. Tremblante, je la saisis avec difficulté. Il commence à marcher, et j'ai grand peine à le suivre. Mais il me tient fermement la main. Arrivés devant le gymnase, il s'arrête brusquement. Je vois tous les regards de mes anciens amis braqués sur nous, qui dévalent aussitôt. Puis je tourne la tête, et aperçois Sasuke avec Naruto. Qui nous regardent. Mon cœur se serre, je ne peux plus avancer.

    -Tu n'as qu'à fermer les yeux et me laisser te guider, souffle Sai.

    Une larme dévale ma joue, et n'écoutant que la raison, je ferme mes paupières, et tente d'effacer son image de mon esprit. Puis Sai se remet à marcher, et je le suis à l'aveugle. Je ne sais pas si il me regarde, je ne veux pas le savoir. Et pourtant, j'arrive à ressentir un regard pesant sur moi. Je serre les dents, jusqu'à ce que Sai me dise de rouvrir les yeux.

    -Voilà, me dit-il devant les vestiaires. Je vais retourner avec les autres.

    -Sai…

    -Oui ?

    -Merci… merci pour tout, murmurai-je d'une voix à peine audible.

    Je lève mes yeux vers lui, et constate à nouveau, qu'il sourit.

    -Je t'en prie Sakura. A plus tard.

    Il s'éloigne, me laissant à nouveau seule. Mais le trou dans ma poitrine semble s'être refermé un peu. Grâce à lui. Grâce à ses mots.


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  • "Je suis désolé de te faire souffrir. Depuis cette époque, et encore à présent." S. Uchiwa

    M'habillant d'un geste lent, je me remémore les paroles de Sai dans ma tête. Il a su m'apaiser, rien que par de simples mots. Je m'approche de la glace, et constate ma mine vraiment affreuse dans le miroir. Mes cheveux sont encore dégoulinants, et mes yeux qu'on dit magnifiques ne sont plus que des billes ternes. Leur éclat vert a totalement disparu. Et le fait qu'ils soient rouges et gonflés ne les met vraiment pas en valeur. Soupirant, j'essaye de me coiffer un peu, histoire d'avoir une tête à peu près potable. Puis je prend mes affaires, et je sors du vestiaire, le regard rivé au sol une nouvelle fois.

    -Haruno !

    Je me tourne vers celui qui a crié mon nom. Naruto. Son meilleur ami. Je l'ai toujours apprécié, quand j'étais encore amie avec Sasuke, et que je passais mon temps avec lui. Bon, il était un peu bête parfois, mais il pouvait aussi se montrer mature. Celui-ci s'approche de moi, l'air gêné.

    -Euh, ça va ?

    -Oui, merci.

    -Bon, bah tant mieux alors. Tu vas quelque part ?

    -Voir Tsunade. Et le prof aussi.

    -Gaï-sensei est revenu dans le gymnase. En fait c'est lui qui m'envoie te chercher.

    -Ah.

    On dirait que ça a l'air de le faire chier plus qu'autre chose. Quand je pense qu'on a été amis. Il me fait signe de le suivre, et je marche derrière lui, me demandant ce qui m'attend. Récapitulons : je me suis fait virer du cours de maths, j'ai frappé deux élèves, et je me suis cassée du lycée. C'est clair, l'exclusion m'attend. Ce qui me chagrine le plus, c'est que j'aurais aimé faire plus connaissance avec Sai. J'aurais aimé devenir son amie, oui. Nous rentrons dans le gymnase, et brusquement, toutes les conversations s'arrêtent. Ignorant les regards, je m'approche du prof qui me regarde l'air plutôt soucieux je trouve.

    -Allons dans mon bureau, me dit-il.

    Je le suis qui traverse le terrain, sentant au passage des regards meurtriers et réprobateurs. Sasuke ne me regarde pas, une nouvelle fois. Puis j'aperçois Sai qui me fait un sourire, ce qui me donne un peu de courage. Nous pénétrons dans son bureau, et il me dit de m'asseoir, tout en fermant la porte et le store, pour empêcher les curieux de venir. Puis il s'approche de moi.

    -Haruno…

    -Sensei, je…

    -En tout premier lieu, est-ce que tu vas bien ? Il ne t'est rien arrivé ?

    -Non… ça… va, balbutiai-je.

    -Hum, j'espère. Ensuite, sache que Karin et Tayuya n'ont rien de grave.

    -Elles sont quand même à l'infirmerie.

    -Tayuya a juste un bleu sur la joue, rien de bien méchant. Et Karin n'a rien du tout elle.

    Je savais bien qu'elles jouaient la comédie. Tout pour me rendre la plus responsable possible en quelque sorte.

    -Mais tu comprendras, que je ne peux pas laisser passer sur ça. Tsunade est déjà au courant, et t'attend dans son bureau.

    -D'accord, dis-je en me levant. Merci.

    -C'est rien. Je sais bien que ce qu'a dit Karin est faux, tu as mon soutien sur ça.

    Surprise, je lui fais un faible sourire avant d'ouvrir la porte, et d'y voir tout un troupeau collé au mur.

    -Allez allez, le cours est terminé de toute manière ! crie le prof.

    Tenant fermement mon sac, je me dirige d'un pas rapide vers la sortie, certaines filles me bousculant au passage. L'une d'elles me fout même un violent coup d'épaule qui me fait tomber à terre.

    -Oh pardon, je t'avais pas vu… traînée.

    Puis elle repart en rigolant comme une débile avec ses copines. Je retiens bien son visage. C'est Kin, l'autre sbire de Karin. Je souris, et me lève. Cette fois-ci, je garde la tête haute et me remet à marcher. Je croise Sasuke et sa bande, et distingue un micro-sourire sur les lèvres de Tenten, Kiba et Naruto. Et je pose mon regard dans le sien, et un instant, je m'y perd. Il est insondable, comme à l'ordinaire. Je me demande si il m'en veut d'avoir frappé sa copine. J'en ai rien à faire de toute manière, et détourne mon regard, sachant pertinemment qu'il s'en fout de ma personne. Je me dirige d'un pas rapide vers le bureau de la directrice, souhaitant en finir au plus vite. Je frappe à la porte, et entre après avoir entendu un « entrez ». Tsunade lève les yeux vers moi, et me fait signe de m'asseoir. Elle doit avoir la trentaine, et pourtant elle semble plus âgée, sans doute du fait de sa maturité.

    -Haruno. J'attendais ta visite. Ton excursion a été bonne ?

    -On va dire ça, répondis-je en regardant à côté.

    -J'espère bien. Je peux savoir ce qu'il s'est passé ? Avec tes camarades de classe.

    -Rien.

    -Rien ? Donc tu les as frappé comme ça, sans raison particulière ?

    -C'est ça madame.

    Je la vois frapper le bureau de son poing et me jeter un profond regard noir.

    -Haruno ! Ma patience a des limites ! Dis-moi la vérité !

    -Je viens de vous la dire, je les ai frappé, point, répliquai-je.

    -Je n'en crois pas un mot ! Gaï m'a raconté la scène. Il faut que j'interroge d'autres élèves pour que tu m'avoues enfin ce qui s'est réellement passé ?

    -Ce serait une pure perte de temps pour vous.

    -Nous sommes au moins d'accord sur ça, dit-elle en se rasseyant. Haruno, je sais aussi que tu es renvoyé de ton cours de maths par Ebisu. Tu m'expliques ?

    -Ce prof m'a piqué une crise, c'est tout. Soi-disant parce que je lui aurais mal parlé.

    -Hum… Et c'est vrai ?

    -J'en sais rien, dis-je en ricanant. Ce type est un sale pervers. J'ai juste mis les choses au clair avec lui.

    Je suis sûre qu'elle ne me croit pas. C'est tellement évident, qui croirait une fille comme moi ?

    -Bon. C'est tout ce que je voulais savoir. Tu peux partir.

    -Q-quoi ? m'exclamai-je, incrédule. Je suis pas renvoyée du lycée ?

    -Pourquoi je te renverrais ? En dépit de ça, tu es une élève sans histoire.

    -Mais… et pour l'incident en sport ?

    -Ces deux filles sont venues se plaindre à moi. J'ai horreur de ça. Donc pour moi, c'est réglé. Et entre-nous, j'aurais réagi pareil à ta place, ajoute t-elle dans un franc sourire.

    Pour le coup, je suis bluffée. Ma sanction… est vraiment minime comparée à ce à quoi je m'attendais.

    -Tu peux y aller. De toute façon tu as fini les cours non ?

    -Euh… oui. Bien, au revoir, et… merci.

    Je me lève, et sors du bureau. Je suis encore sous le choc. La directrice est de mon côté ! C'est à peine croyable, ça me semble irréel. Je sors du bâtiment, et inspire un grand coup. Tout va bien. Sachant que Sai est sans doute en cours, je quitte donc le lycée. Je me sens un peu mieux, mon entrevue avec Tsunade m'a remis d'aplomb. Sans oublier Sai. Je crois que je ne serais jamais en mesure de le remercier comme il le mérite vraiment. Je rentre chez moi, et entend du bruit dans le salon.

    -Maman ?

    -Ah Sakura tu es rentrée ! Viens donc par ici !

    Je retire mes chaussures, et jète mon sac par terre. Je me dirige d'un pas lent vers le salon, et y trouve ma mère en train de lire un magazine. Je lui fais un bisou sur la joue en guise de bonjour, et m'assieds à côté d'elle.

    -Comment s'est passé ta journée ? me demande t-elle.

    Qu'est-ce que je dois lui répondre ? Lui dire que je me suis tirée du lycée ne lui plaira sans doute pas.

    -Journée banale, pour changer. Et toi ?

    -Pas trop mal. J'ai eu pas mal de travail à la boutique.

    Ma mère est décoratrice d'intérieur. Je me rappelle la fois où elle a voulu tout refaire dans ma chambre, je lui avais dit d'aller se faire foutre et je lui avais fermé la porte au nez. On avait fini par coopérer, changeant uniquement la couleur de ma moquette. Elle avait pris un ton un peu sablé, et j'avais réussi à coordonner la couleur de mes murs avec le sol. Le violet électrique rendait la chambre un peu sombre, mais j'avais la chance de disposer d'une fenêtre gigantesque, comme me le faisait souvent rappeler ma mère.

    -Regarde ! Tu penses quoi de cette robe ? Elle t'irait à merveille tu ne trouves pas ?

    Je jète un regard meurtrier à ma mère. Une robe, la blague. Elle sait très bien que j'ai horreur des jupes. Je jète un bref coup d'œil au catalogue. Hum, j'avoue qu'elle n'est pas moche. Elle est simple, et le décolleté sur le mannequin n'est pas trop plongeant. Parfait pour ma poitrine !

    -Elle existe en plusieurs couleurs. Elle pourrait être bien pour ton bal non ?

    -Le bal ? Parce que t'as vraiment cru que j'allais y aller ?

    -Bah pourquoi tu n'irais pas ?

    Je manque d'exploser de rire. Moi, aller à ce foutu bal ? Ma mère me connaît bien mal sur ce coup-là. Je n'ai aucune envie de me ridiculiser devant tout le monde. J'avais carrément oublié cette soirée en plus !

    -C'est quand déjà, dans moins d'une semaine non ?

    -Ouais. Dans cinq jours. Mais c'est mort, j'irais pas.

    -Mais enfin Sakura ! Tous tes amis vont y aller !

    Mes amis. Lesquels ? Ma mère ne sait pas que lui et moi ne nous parlons plus, c'est vrai. Normal qu'elle croit encore que je passe mes pauses et mes journées entourée de mes amis. Ça me déchire le cœur à vrai dire. Ça me fait vraiment chier, mais la douleur que je croyais apaisée revient subitement à la charge. Je passe le revers de ma main sur mes yeux, et fixe un point sur le mur.

    -Sakura ? Ma chérie, tout va bien ?

    -T'en fais pas, ça va. Mais je ne change pas d'avis, je n'irais pas à cette soirée.

    -Oh voyons ! Je suis sûre que tu peux t'amuser, si tu y mets un peu du tien !

    -Mettre du mien ? Maman ! Tu me vois danser comme une poufiasse, à chauffer les mecs ?

    -Mais toutes les filles ne sont pas comme ça ! Regarde, Tenten et Temari par exemple…

    Je détourne le regard, et me sent à nouveau seule. Elle ne sait pas, elle ne peut pas comprendre ce que je ressens.

    -On… s'est disputées.

    -Quoi ? Sakura ! Je suis sûre que c'est toi en plus ! Qu'est-ce que tu as bien pu dire encore ?

    Enervée, et sachant très bien que cette discussion ne sert à rien, je me lève brusquement devant l'œil ahuri de ma mère. Je ne prononce pas un mot et me dirige vers l'étage d'un pas sec, prenant mes affaires au passage. Arrivée dans ma chambre, je claque la porte et me jète sur mon lit. Je n'en peux vraiment plus. Je vais bientôt atteindre ma limite, c'est clair. Je ne peux pas non plus en vouloir à ma mère, elle ne sait rien. Je me demande même ce qu'elle dirait en apprenant que Sasuke m'a rejeté. Surtout qu'en plus de ça, elle est malheureusement amie avec sa mère, Mikoto Uchiwa. Une femme formidable, remplie de gentillesse. A croire que Sasuke a pris le mauvais chemin. Je ne sais pas, je n'ai plus envie de me prendre la tête avec ça. Je soupire un grand coup, et me dirige vers mon bureau. A part un peu de japonais, je n'ai pratiquement rien d'autre. Tant mieux, je ne vais pas m'en plaindre. Je songe à demain. J'ai maths l'après-midi. Enfin, je n'ai plus maintenant. Je me demande ce que je vais foutre. Tsunade ne m'a rien dit à ce propos, alors je crois que je ne vais pas y aller. Oui, c'est décidé, je n'irais pas. Et ce foutu prof n'avait qu'à réfléchir avant de me péter son cable. Je me met enfin au travail, quand mon portable sonne dans mon sac. Intriguée, et me demandant qui peut bien m'envoyer un message, je le sors de ma pochette et scrute l'écran. Un message de Naruto.

    C'était pour savoir si tu étais virée ou non.

    Incrédule, je ne peux m'empêcher de sourire. C'est vraiment son genre d'envoyer des messages pour rien. Il aurait pu attendre demain pour me le demander ! A moins que Karin lui a interdit de m'adresser la parole une nouvelle fois ! Oui, ce serait bien son genre. Je lui répond rapidement que non, et me remet à faire mon travail. Au fond de moi, il y a une part qui espère que c'est Sasuke qui lui a demandé. Je suis vraiment stupide, comme s'il pensait à moi. Posant mon crayon, je me penche en arrière avec ma chaise. Un coup à la porte retentit soudainement, et sursautant, je tombe en arrière.

    -Aïe…

    -Sakura ? Tout va bien ?

    -Euh ça peut aller, répondis-je en massant mon dos. Qu'est-ce qu'il y a ?

    -Tu veux bien me rendre un service ? On a plus de céleri, et j'en ai absolument besoin !

    -Tu me demandes de sortir à cette heure-ci, pour aller te chercher un pauvre légume ? fis-je, exaspérée.

    -Oh s'il te plaît Sakura...

    -Okay, c'est bon. T'as de la chance que j'ai rien d'autre à faire franchement !

    J'ouvre la porte, et vois un large sourire sur le visage de ma mère. J'imagine qu'elle doit être contente, le combini le plus proche est à vingt minutes d'ici ! Prenant l'argent qu'elle me tend, je descend les escaliers, suivie par ma mère.

    -Fais attention sur le chemin, tu ne t'es même pas changée en plus.

    -Relax Maman, il n'est même pas encore six heures. Et puis je sais me défendre.

    -Mais oui, bien sûr !

    Etant donné qu'il fait doux, je ne prend pas ma veste, et claque la porte en sortant. Je commence à marcher, le regard baissé, serrant fermement le billet dans ma main. Les lampadaires sont déjà allumés, c'est vrai qu'il fait déjà sombre. Je presse un peu le pas, n'ayant absolument pas envie de m'attarder à cette heure-ci. Surtout qu'il n'y a pas grand monde dans les rues. A nouveau, je passe près de la falaise. Je m'arrête un instant, histoire de fixer le paysage en dessous. C'est vrai que c'est un peu dangereux mine de rien. Frissonnant, je me remet à marcher. Dix minutes après, j'arrive enfin au combini. J'y entre, et me dirige d'un pas lent vers les légumes. Tout ça pour des malheureuses branches de céleri ! Grommelant un peu, je fourre les branches dans un sac, et me dirige vers la caisse.

    -Hé regardez ! Pas mal celle-là !

    Tournant la tête vers la provenance de la voix en question, je remarque les regards de plusieurs types sur moi. Ils sont au rayon boissons, pas la peine de se demander ce qu'ils comptent acheter ! Ils m'ont l'air déjà pas fameux d'ailleurs. Ils sont trois. J'en vois un fixer ma jupe d'un œil louche, et un long frisson parcours mon échine. J'aurais peut-être du me changer finalement. Je refixe mon attention sur la caisse, quand je sens une main se poser sur mon épaule.

    -Alors ma jolie ? On fait ses courses ?

    Question stupide, vu que je suis au combini. Serrant les poings, je me dégage doucement.

    -Bah alors, tu réponds pas ?

    -Si je suis ici, c'est pour quoi à ton avis ? rétorquai-je, énervée.

    -Oh, mais c'est qu'elle a du caractère, s'écrie un autre à ma droite. J'aime bien les filles comme ça, ce sont de vrais volcans au lit.

    Son regard suspicieux sur moi me donne la nausée. J'ai bien envie d'aller lui dire d'aller se faire foutre, mais ce serait entrer dans son jeu, et je n'ai clairement pas envie de me prendre la tête ce soir. Pas après la journée que j'ai vécu. J'avance un peu plus, et l'un d'eux me prend le bras. Je me dégage aussitôt.

    -Allez, fais pas ta timide. T'as pas envie de passer la soirée avec nous ?

    -Je…

    -Pardon, j'aimerais bien passer si ça ne vous ennuie pas.

    Je manque de sursauter en entendant sa voix, et tourne la tête lentement. Sasuke se trouve derrière le groupe formé par moi et ces types, et je sens son regard noir me balayer rapidement. Les autres types le provoquent du regard, et s'écartent pour le laisser passer. Il passe à quelques centimètres de moi, et je fais demi-tour, mon cœur battant comme jamais. Je me fous dans un coin, et respire doucement, tentant de retrouver mon calme. Un, ses types m'ont agacé, et j'avoue avoir eu peur à un moment. Deux, sa voix m'a profondément destabilisé, encore plus que d'habitude. Il faut que je me reprenne sérieusement. Une fois détendue, je me dirige à nouveau vers la caisse. Les autres types sont partis, ainsi que Sasuke. Tant mieux pour les deux. Je paye sans dire un mot, et vois la caissière me jeter un regard dépité. Je fronce les sourcils, me demandant si j'ai une tête de depressive pour qu'elle me fixe ainsi. Fourrant la monnaie dans ma poche, j'attrape le sac et sors enfin du combini. Le vent s'est levé, mes cheveux sont complètement balayés sur mon visage. Le ciel est totalement noir à présent. Je commence à marcher, mes pensées toutes centrées sur Sasuke. Son regard était vraiment froid. Je préfère presque être transparente pour lui que d'être regardée ainsi. Est-ce qu'il a cru que j'étais avec ces types ? Je secoue la tête, me demandant vraiment ce qui me prend de penser à cela. Il s'en fout de moi, point. Je passe à côté d'une ruelle, quand je suis brusquement tirée vers l'arrière.

    -Que…

    Ma tête heurte violemment le mur, et je lève mes yeux vers ceux qui m'ont interpellé. Les types de tout à l'heure… C'est pas possible, j'ai fait quoi pour mériter ça bon sang ?

    -On a été interrompus tout à l'heure, me murmure avec un sourire pervers celui qui m'a traité de timide.

    -Ouais, on voulait te proposer de nous suivre, mais ce type brun nous a pas laissé le temps.

    -Merci, mais j'ai pas envie de rester avec vous, murmurai-je à mon tour, les yeux rivés au sol.

    Deux mains s'emparent de mon menton, et me forcent à lever la tête vers mon interlocuteur.

    -Lâche-moi, enchainai-je à voix basse.

    -Tu es sûre ? Tu es vraiment jolie tu sais, ce serait dommage de laisser passer un morceau tel que toi. Pas vrai les gars ?

    Les autres répondent en rigolant, et je sens les larmes me monter aux yeux. Merde, je n'ai vraiment pas envie de finir violée. Je n'ai pas envie de finir de cette manière. J'ai peur. Mais personne n'est là pour venir me sauver cette fois. Ce n'est plus du tout la même chose. Je suis sûre que Karin serait ravie d'apprendre qu'on ait pu m'agresser. Et puis je sais me défendre. Tu parles ! Je tremble un peu plus, et saisissant mon courage, je tend la main et fous un coup de poing dans le ventre de mon agresseur, avant de lui écraser le talon. Il me lâche dans un cri de douleur, et j'en profite pour m'écarter, croyant naïvement qu'ils me laisseraient tranquille. Erreur, puisque des bras puissant me retiennent.

    -Laissez-moi tranquille ! criai-je, les larmes aveuglant ma vue.

    L'un d'eux me fout une gifle qui me jète à terre, et je sens des lèvres se coller sur les miennes. C'est parfaitement répugnant. Je me détache de cette emprise en tournant la tête, sentant au passage une main se poser sur ma poitrine. Une autre se glisse sur ma cuisse et je me penche pour la mordre aussitôt, tout en donnant des coups de pieds à ceux qui me tiennent. Les jambes tremblantes, je me lève et me met aussitôt à courir, ne sachant vraiment pas où je vais, les larmes brouillant ma vue. Mon souffle est court, j'ai du mal à respirer tant la peur s'est emparée de moi en quelques instants. Pour mon plus grand malheur, et maudissant par la même occasion ma maladresse, je me prend les pieds sur le trottoir et tombe de tout mon long. Mes genoux cognent au sol, et je peine à me relever avec la douleur. Trop tard. Je sens à nouveau une main frapper ma joue, et me blesser la lèvre en même temps. Je ne peux retenir mon cri de douleur, et je lève mes émeraudes apeurées vers mon agresseur.

    -A l'aide ! m'époumonai-je, sachant pertinemment que crier ne servira à rien.

    Un nouveau coup me fait taire, et une main se plaque brutalement sur mes lèvres meurtries. Impossible de bouger, je suis totalement prise au piège. Ils vont m'avoir c'est clair. Je tente bien que mal de me débattre, mais les autres connards me tiennent les bras et les jambes. Un sourire pervers se dessine sur leurs visages, que je ne parviens pas à mémoriser, ma vue trop embuée. Et leurs rires résonnent dans mes tympans, m'infligeant encore un peu plus de terreur.

    -Rassure-toi, je suis sûr que tu vas aimer ça, souffle le type à mon oreille.

    Mon cœur s'accélère en sentant sa main se glisser doucement sous ma jupe, et je ferme les yeux, incapable de supporter plus longtemps son regard vicieux sur moi. Soudain, je sens le poids sur mon corps s'en aller brusquement, comme tiré en arrière, et j'entends un juron étouffé. Toutes les mains qui me tenaient me lâchent, et je sens les deux autres types se lever.

    -Tu te prends pour qui ? s'écrie celui qui était allongé sur moi.

    Comme toute réponse, j'entends juste comme un coup porté au visage, vu le craquement sinistre qui résonne. Trop effrayée pour faire ne serait-ce qu'un mouvement, je reste figée, avec juste pour fond le bruit d'une bagarre.

    -Bordel on se casse ! C'est trop dangereux !

    -Et la fille on en fait quoi ?

    -Tu t'en fous, cours ! crie l'un des types.

    Des bruits de pas précipités retentissent, et je me demande brièvement ce qui a bien pu les faire fuir. Mes paupières sont toujours closes, comme si j'avais peur de les rouvrir. Je n'en ai pas envie, je suis encore trop sous le choc. Des pas se rapprochent de moi, et je sens mon cœur reprendre un rythme élevé. Est-ce qu'il reste encore un type ?

    -Ne bouge pas, murmure une voix inaudible.

    Sa voix. Je pourrais la reconnaître n'importe où. Sasuke. C'est Sasuke qui se tient près de moi. La terreur que je ressentais il y a encore quelques secondes s'atténue soudainement, la voix grave de Sasuke exerçant sur moi une protection sans pareille. La confiance. La confiance que j'ai pu lui accorder, et que j'ai aussitôt effacé de mon cœur après son rejet, refait surface aussi vite qu'elle a disparu. Mais mes yeux sont encore incapables de s'ouvrir, mes membres incapables de réagir. La peur est encore présente au fond de moi. Des doigts froids se posent délicatement sur mon cou, comme pour prendre mon pouls, et je manque de tressaillir à ce contact tellement peu réel. Vu le rythme encore élevé de mon palpitant, mon pouls doit être aussi rapide ! Sasuke retire ses doigts, et je sens ses mains se poser sur mes hanches. Fronçant les sourcils, je fais un mouvement brusque qui réveille ma douleur à la tête. J'étouffe un cri.

    -Je t'ai dit de ne pas bouger, murmure t-il d'un ton tranchant.

    -Je… Sasuke…

    D'un coup, je me sens levée, et manque de m'évanouir à cause d'un vertige qui me lance. Je titube, mais deux mains fermes me tiennent.

    -Fais attention.

    Je sens son souffle dans ma nuque, et j'essaye désespérément d'ouvrir les yeux pour scruter son visage, mais en vain. Bordel, j'ai vraiment envie de voir ses prunelles, de voir si il y a une once d'inquiétude dedans, ou bien si c'est juste de la pitié. M'aggripant à lui, je tente bien que mal de rester debout, mes jambes ne me soutenant pas vraiment. Puis me ressaisissant soudain, je le lâche et me laisse tomber à genoux. Qu'est-ce que je fous ? C'est Sasuke, pas quelqu'un d'autre. J'entends son soupir, et à nouveau deux mains me soulèvent.

    -T'es franchement lourde.

    Je déglutis péniblement à l'entente de cette phrase. Elle réveille en moi des souvenirs douloureux, que je tente d'effacer entièrement putain. Alors pourquoi, pourquoi vient-il pour m'y faire repenser ?

    -Tu peux ouvrir les yeux aussi.

    -Je peux pas.

    -Comment ça tu peux pas ? demande t-il agacé.

    -Parce que je peux pas bordel !

    Je sens son regard lourd sur moi, et me forçant enfin, je parviens à ouvrir mes paupières collées par les larmes. Froid. Dur. Le même regard qu'à l'habitude. Qu'est-ce qui m'a pris de croire qu'il pouvait s'inquiéter ?

    -Tu peux marcher ?

    Je hoche la tête pour acquiescer, et le vois commencer à marcher.

    -Viens.

    Ses mots sont secs, comme si ça le tuait de devoir me les dire. Sentant la colère m'envahir, je saisis mon sac et le suis sans dire un mot, encore tremblante. Je touche ma lèvre, et retire aussitôt mon doigt. Ce connard m'a pas loupé. Malgré moi, mes pensées bifurquent vers ce qu'il vient de se passer, et je sens la terreur me gagner à nouveau. Puis l'entendant soupirer à nouveau, je sens sa main ferme m'attraper le bras et commencer à me tirer. Même si l'envie n'est pas là, je le suis sans dire un mot. Il marche vraiment vite, je peine à le suivre étant donné l'état dans lequel je me trouve encore. Ralentissant un peu, il me lâche et reprend sa marche silencieuse à côté de moi, fourrant ses mains dans ses poches. Mes yeux sont rivés sur mes mains tremblantes, je me sens sale et particulièrement dégoûtée. Je me demande même comment je fais pour avancer. Puis m'autorisant à regarder vers sa direction, je tourne la tête doucement et sonde son visage parfait. Aucune émotion, rien. Du vide total. A croire qu'il ne ressent rien. Ou alors c'est juste avec moi qu'il se comporte comme ça. Voyant qu'il me fixe du coin de l'œil, je détourne la tête et fais semblant de regarder mes chaussures. Je me demande pourquoi il n'est pas venu en voiture, ça aurait été plus rapide. A ma grande surprise, nous arrivons rapidement dans ma rue. Sans doute parce que avons marché vite tout à l'heure. Il presse un peu le pas, et je suis obligée de le suivre jusque devant ma maison. Puis enfin arrivés, il me laisse en silence et commence à marcher dans la direction opposée. Nous nous faisons dos mutuellement. Une question, une simple question brûle mes lèvres.

    -Pourquoi être intervenu ?

    Je l'entend stopper ses pas. Je veux qu'il me réponde. Qu'il réponde au moins à cette question là. C'est tout ce que je veux, entendre la raison de sa bouche. Et je ne lâcherais pas.

    -Pourquoi veux-tu qu'il y ait une raison particulière ?

    -Ce n'était pas ma question.

    -Et je n'ai pas envie d'y répondre.

    Je tourne la tête vers lui, et croise ses prunelles d'encre au passage. L'air qu'il aborde est impassible, comme toujours. Mes émeraudes fulminent elles, et j'explose de rage.

    -Pourquoi ? Pourquoi tu ne veux pas répondre ?

    -Rentre chez toi Sakura.

    -Et si j'en ai pas envie ? Tu vas m'y faire rentrer par la force peut-être ?

    -Si ça te fait partir oui.

    -Sasuke…

    -Rentre Sakura. Je n'ai rien de plus à te dire.

    -Tu mens.

    Mes mots sont sortis tous seuls, et l'espace d'un instant je vois de la stupeur passer dans son regard. A moins que ce ne soit mon imagination, vu qu'il redevient imperturbable aussitôt.

    -Je ne me répèterai pas une nouvelle fois, rentre chez toi.

    -Réponds-moi s'il te plaît…

    Vu son regard, je sais que c'est peine perdue, il ne dira rien. Je me tourne vers les marches et commence à les monter. Sachant que me retourner ne servirait à rien, je me dirige directement vers ma porte, et sors la clé de ma poche pour l'ouvrir. Ce n'est qu'à ce moment que j'entend à nouveau ses pas résonner dans la rue vide, et le temps que je me retourne, il est déjà parti. Encore une fois je n'ai pas eu de réponse de sa part…


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  • "Même si tu penses être indifférente à mes yeux, sache que je te regarde. Attentivement." S. Uchiwa.

    -Je suis rentrée Maman.

    -Tu en as mis du temps !

    J'entends des pas provenir de la cuisine se diriger vers l'entrée. Je lève les yeux vers ma mère qui se stoppe à ma vue.

    -Mais, ma chérie, que t'est-il arrivé ?

    Je baisse les yeux sur ma tenue. Ma jupe est un peu sale, mes genoux en sang. Je ne me suis même pas rendue compte que je saignais. Tout mon uniforme est bon pour aller à la machine quoi !

    -C'est rien, je suis tombée.

    -Tu es sûre ? Oh tes lèvres Sakura ! Monte dans la salle de bain, je vais te nettoyer tout ça.

    -Je suis plus une gamine Maman. Je vais le faire moi-même. Et puis j'ai besoin d'une douche. Tiens, tes légumes sont sains et saufs eux.

    -Merci, dit-elle en prenant le sac. Tu es sûre que ça va aller ? ajoute t-elle soucieuse.

    -T'en fais pas. Appelle-moi quand ce sera l'heure de manger.

    Sans ajouter un mot, je monte les marches sous son regard encore perplexe et me dirige directement vers la salle de bain. Fermant la porte, je me laisse glisser le long de celle-ci en soupirant. S'il n'était pas arrivé, qui sait où je serais en ce moment… Frissonnant, je fais couler l'eau de la douche et me débarrasse de mes vêtements. Fermant les yeux, je me glisse sous l'eau chaude avec contentement. Je sens encore les mains baladeuses du type sur moi, et me met à frotter chaque parcelle de mon corps qu'il a pu toucher. Mes cuisses, ma poitrine, tout. J'avale de l'eau, la recrache, et exécute le même geste plusieurs fois, pour effacer le contact de cette bouche humide sur mes lèvres. Je grimace sous la douleur sur mes lèvres. Je risque d'avoir une belle trace demain. Tant pis. Me sentant mieux, j'éteins l'eau, et attrape une serviette pour m'envelopper. Ouvrant le placard, j'en sors un désinfectant, et m'attaque à mes genoux. Je manque de crier en passant le coton imbibé sur ma peau, et ayant fini, je colle deux pansements. Ça risque de faire fureur demain ! Et puis je m'en fous de ce que peuvent penser les autres, ça ne les regarde pas. Je démêle rapidement mes cheveux, et entendant la voix de ma mère, j'enfile rapidement mon pyjama et mets mon peignoir pour ne pas prendre froid. Je descend les escaliers d'un pas lent, et arrive dans la salle à manger, la table déjà mise. Je m'assois tandis que ma mère me sert un bol de soupe.

    -Tiens, ça te réchauffera.

    -Merci. C'était pour ça ta course urgente à faire ?

    -Oui ! Je sais que tu adores cette soupe ma chérie.

    -Ouais, c'est sympa. Papa est encore à l'hôpital ?

    -Oui, fit ma mère en s'asseyant en face de moi. Tu sais bien qu'il finit tard en ce moment, ils sont tout le temps occupés là-bas !

    C'est vrai. Cela fait longtemps que je n'ai pas vu mon père rentrer tôt un soir de semaine, surtout un lundi. Étant donné qu'il est cardiologue, il rentre souvent tard. Ça agace ma mère parfois, mais moi, je ne m'en plains pas. Mon père est très pointilleux sur les études, et je sais qu'il me questionne tout le temps sur mes cours, chose que je hais. Nous mangeons en silence, avec pour seul fond la télévision d'allumée. Ça ne me dérange pas, je n'ai pas très envie de subir un interrogatoire de la part de ma mère. Mon bol fini, je me lève de table sous le regard interrogateur de ma mère.

    -Tu ne veux rien d'autre ?

    -Non ça va merci. C'était délicieux, comme d'habitude.

    -Tu dis ça pour me flatter ! Tu veux que je te prépare un bento pour demain ?

    Je me tourne vers elle, et songe rapidement au fait de pouvoir passer un moment avec Sai.

    -Oui je veux bien !

    -Cela fait longtemps que tu ne m'as pas demandé ça ! Je te mettrais des choses que tu aimes.

    -Merci.

    Je lui fait un bisou sur la joue, et monte directement en lui souhaitant une bonne nuit. Je regarde mon réveil. Presque vingt et une heure. Je m'approche de mon bureau, et commence à faire mon sac. J'hésite au moment d'y fourrer mon livre de maths, et le jète avec nonchalance sur le bureau. Il peut bien aller se faire foutre, je vais le prendre au mot, et ne pas y aller. Ma tâche finie, je m'allonge sur mon lit à plat ventre, et soupire un grand coup. Cette journée aura vraiment été particulière mine de rien. Comme si tout s'était abattu sur moi d'un seul coup. Il n'y a qu'une seule chose que je ne regrette pas, c'est d'avoir parlé à Sai. Souriant, je me demande si je vais le voir demain. Je l'espère sincèrement. J'ai envie de mieux le connaître, et surtout, de savoir pourquoi il est seul. Mes pensées bifurquent sur son visage, et inconsciemment, j'y retrace celui de Sasuke. Je secoue la tête, me donnant une gifle mentalement. Sasuke. Je réalise soudainement que je ne l'ai même pas remercié. Faut dire qu'il ne m'en pas laisser franchement le temps ! J'attrape mon portable, et commence à écrire mon message.

    Juste pour te dire, merci pour tout à l'heure.

    J'envoie ceci, et repose mon portable sur le lit. J'ai été claire, et brève. Pourquoi en dire plus de toute manière, alors que je sais pertinemment qu'il ne me dira rien. Ni même qu'il me répondra. D'ailleurs, Naruto n'a pas répondu à mon message. Ça aura été de courte durée. Plusieurs minutes passent, et me résignant, je me lève pour éteindre la lumière et me coucher dans mon lit. Je me glisse sous la couette, et pose mon portable sur ma lampe de chevet. Je n'ai pas la tête à lire, mon esprit est trop embrouillé. Bien qu'il soit encore tôt, je n'ai plus la force de garder les yeux ouverts. Et je suis vraiment exténuée. Une larme coule sur ma joue. La vérité, c'est que je n'en peux vraiment plus.

    oOoOoOoOoOo

    -Je suis rentré.

    -Ah Sasuke ! Tu en as mis du temps pour raccompagner Karin.

    -Je suis resté un peu plus longtemps que prévu désolé.

    -C'est bon. Mais du coup nous avons mangé ton père et moi, je t'en ai laissé de côté.

    -Merci, mais j'ai pas faim. Bon, je monte. Bonne nuit.

    -Bonne nuit Sasuke.

    Sasuke monta les escaliers de son grand manoir pour se rendre dans sa chambre. Il déboutonna sa chemise, et s'allongea dans son lit, les bras croisés derrière la tête. Son portable vibra et soupirant, il le sortit de sa poche et décrocha.

    -Sasuke ! Comment ça va ?

    -Naruto. Il est presque neuf heures, et tu m'appelles pour me demander si ça va ?

    -Haha non pas du tout ! Alors ça a été chez Karin ?

    -Hn, comme d'habitude. Pourquoi ?

    -Elle t'a pas parlé de ce qu'il s'est passé en sport ?

    -J'ai pas envie de parler de ça Naruto. Bon sérieusement, quelle est la raison de ton appel ?

    -Euh… c'était juste pour te dire qu'elle était pas virée du lycée. Sakura.

    -Ah, répondit le brun. Mais pourquoi tu me le dis ?

    -Bah… j'ai pensé que tu aimerais le savoir. Enfin… je sais que tu n'aimes pas quand je me mêle de ça mais…

    -Tu as raison, je déteste ça. C'est tout ce que tu voulais me dire ?

    -Non, mais de toute manière, dès que j'aborde Sakura tu m'envoies chier !

    -Exactement, dit Sasuke, sarcastique. Bon je vais te laisser, Karin va sûrement m'appeler.

    -Oh la chance. Franchement Sasuke t'en as pas marre d'elle ?

    -Naruto, je n'ai pas envie de d'écouter me faire la morale ce soir, j'ai déjà une putain de migraine.

    -Quand t'as la migraine, ça veut dire que quelque chose te préoccupe. T'es sûr que tu ne veux pas en parler Sasuke ?

    -Tu me gonfles, je raccroche. Et pas la peine de rappeler.

    Sur ces derniers mots, le brun raccrocha, et posa son portable sur son lit. Tout en fixant son plafond, il laissa libre cours à ses pensées. Sa migraine le travaillait trop, il avait besoin de sommeil. Et sa discussion avec Naruto n'avait rien arrangé, au contraire. Même si ça l'énervait de se prendre de tête avec son ami, il en avait plus qu'assez de ses reproches. Reproches qu'il se faisait à lui-même. Il n'avait qu'une envie, dormir. Mais il lui restait encore une chose à faire. Soupirant une nouvelle fois, il attrapa son portable.

    oOoOoOoOoOo

    Je peine à dormir, quand le vibreur de mon portable sur la table de chevet retentit. Le cœur battant, je l'attrape à la hâte, ma main tremblante. Rien que de voir que c'est lui qui m'a répondu me met dans un état de nervosité. J'appuie sur la touche, et lit rapidement ce qu'il me dit.

    Ne me remercies pas. La prochaine fois que tu sors à cette heure-ci, fais au moins l'effort de changer ta tenue.

    Je reste bouche bée devant son message. Il me fait… la morale ? C'est une blague ?! Il se prend pour qui pour me dire ça ! J'aurais préféré une toute autre réponse, mais il semble que je doive me contenter de celle-ci. Furieuse, je repose mon portable avec rage, et me glisse sous la couette. Mes paupières sont lourdes, et j'arrive enfin à sombrer dans le sommeil… Pour une courte durée, avec la sonnerie de mon réveil qui retentit à six heures. Bon sang, j'ai l'impression de n'avoir pas dormi du tout ! Sans parler de mon esprit complètement embrumé, non seulement par lui, mais aussi par ce qu'il s'est passé hier soir. Le souvenir de mon agression est encore trop présent dans ma tête, et je ne parle pas sur mon corps… Mes genoux me font toujours mal, et ma lèvre est toujours gonflée. Je passe vite à la salle de bains, et essaye tant bien que mal de cacher ma blessure avec une légère touche de rouge à lèvres. Stupide idée, vu qu'appuyer dessus me fait encore plus mal. Résignée, je sors de la pièce et saisis mon sac dans ma chambre. Je descend les marches d'un pas lent, et me dirige dans la cuisine. Mes parents dorment encore, je ne sais même pas si mon père est rentré à la maison. J'ouvre le frigo, et trouve ma boîte à bento au premier étage. Souriant, je la prends et l'enveloppe dans une serviette, avant de me diriger vers le hall. Je jète un dernier coup d'œil à mon reflet et fais la grimace. Mes yeux ternes par mon manque de sommeil n'arrangent rien non plus. Je mets ma veste, et sors en claquant la porte doucement. Ça fait longtemps que je n'ai pas porté ma boîte à bento en cours, j'ai tellement pris l'habitude de ne rien manger récemment. Et même avant tout cela, il m'arrivait de ne pas manger. Ce qui me valait de m'attirer ses reproches. Un sourire triste traverse mon visage. Je suis encore en train de laisser mes souvenirs ressurgir, alors que je sais que c'est mauvais pour moi. Je lève les yeux vers le ciel sombre. Il va pleuvoir, c'est certain. Bonne ou mauvaise augure ? En tout cas, ça ne m'empêchera pas de voir Sai, ça c'est sûr. C'est même la seule raison qui me motive à aller au lycée ce matin, pouvoir le voir, et surtout voir son sourire apaisant. J'arrive au lycée en même temps que Sasuke, Naruto, ainsi que Kiba et Shikamaru. Il est encore à pied visiblement. M'arrêter ne servirait à rien, ce serait lâche de ma part, et je n'ai aucune envie de l'être. Même si mes pas se font lourds, je continue d'avancer, jusqu'à ce qu'une voix m'interpelle.

    -Hé Haruno ! Sympa tes bandages sur tes genoux !

    Je tourne la tête vers celui qui m'a parlé. Idate Morino. Il est connu pour être un séducteur redoutable au lycée, je le sais puisqu'il est dans la classe de Sasuke et des autres. Bien qu'il soit seul, il se croit supérieur. Je ne supporte pas les types dans son genre.

    -Je t'ai rien demandé Morino, répliquai-je en le regardant froidement.

    -Oh du calme ! C'est pas à moi qu'il faut parler comme ça ! Je suis pas Uchiwa !

    Ce con a bien insisté sur son nom, assez en tout cas pour que ce dernier l'entende, vu que lui et les autres sont tournés vers nous. Merde, comme si j'avais que ça à faire. Je baisse les yeux, les poings serrés.

    -Et pourquoi je devrais lui parler de cette manière ?

    -Il t'a rejeté non ? Je sais très bien que tu lui as déclaré ta flamme, je comprends même pas pourquoi il a rejeté un si bon coup que toi, il est vraiment con ! A sa place, j'en aurais bien profité moi ! ajoute t-il dans un sourire qui se veut charmeur.

    Il est clairement en train de me dire qu'il aimerait bien me foutre dans son lit si je comprends bien. C'est clair, ce type, je le hais lui aussi. Lui souriant à mon tour, je m'approche et lui assène une gifle suffisamment puissante pour qu'il comprenne mes pensées. Le coup est sec, il ne l'a pas vu venir celui-là. Et encore, j'aurais pu lui foutre un coup de poing. Je m'approche de lui et lui souris narquoisement.

    -Tu sais quoi ? Le jour où tu m'auras dans ton lit n'est pas prêt d'arriver. Non mieux, il n'arrivera jamais c'est clair ?

    -Hum ! Tu dis ça, mais sache que j'obtiens toujours les filles que je désire ma belle, que tu le veuilles ou non, j'arriverais bien à te mettre le grappin dessus, réplique t-il en m'attrapant par la taille.

    Ce contact me fait revivre tous les évènements de la veille, et je sens à nouveau la terreur s'emparer de moi, alors qu'elle n'a pas lieu d'être. Je commence à trembler, mais heureusement, une main me dégage de son emprise. Un moment, j'ai l'espoir qu'il s'agit de Sasuke, comme hier. Mais non, ce n'est pas lui, mais Naruto. L'air furieux qu'il aborde me fait vraiment peur.

    -Tu veux pas la laisser tranquille au lieu de déblatérer tes conneries ?

    -Oh, je vois. Tu essayes de reprendre la place d'Uchiwa ou quoi ?

    -Si tu veux pas que je te casse la gueule, tu ferais mieux d'arrêter.

    -Bah vas-y, ne te gêne pas Uzumaki. J'ai hâte de voir si ton précieux pote Uchiwa va venir t'aider pour la défendre.

    -Qu'est-ce qu'il se passe ici ? s'élève une voix au loin.

    J'ai juste le temps de tourner la tête pour voir celle du prof de maths arriver. Super, il ne manquait plus que lui. Ma journée démarre fort.

    -Vous voulez bien m'expliquer ? demande t-il sèchement à Naruto.

    -C'est rien d'important Sensei.

    Puis sous le regard interrogateur d'Ebisu, Naruto me prend le bras et me fait entrer par le portail, s'attirant au passage le regard sombre de Sasuke. Je n'ose pas le regarder, et fixe le dos de Naruto qui semble ne pas s'arrêter. Puis fatiguée à cause de mes genoux, je me dégage de son bras pour reprendre mon souffle. Je le vois se tourner vers moi, l'air soucieux et gêné.

    -Euh… désolé pour cette marche forcée.

    -C'est… bon. Je… merci, pour Morino.

    -De rien. Il commençait vraiment à être lourd, et vu que l'autre crétin ne réagissait pas je…

    Il se stoppe dans ses paroles, et détourne la tête. J'ai un faible sourire devant ce spectacle. Il s'est inquiété pour moi, et j'en suis plus que touchée.

    -Et sinon, ça va ?

    -Euh oui, on fait aller.

    -Hum… d'accord.

    Un lourd silence s'installe, et j'avoues ne pas savoir quoi dire pour le briser. Puis Naruto se tourne soudainement vers moi, comme si il avait quelque chose de grave à me dire.

    -Tu sais, même si Sasuke ne te parle plus, ça ne veut pas dire que…

    -Naruto !

    Cette voix aiguë… Karin. Je lève les yeux au ciel. Cette fille ne cessera donc jamais de me faire chier ? Merde, il allait me dire quelque chose d'important, quelque chose sur… Sasuke. Ou alors je me suis faite des idées peut-être. Mais le ton de sa voix, et le sérieux que j'ai pu lire dans son regard me laisse perplexe. Je tourne la tête vers Karin, qui me lance un regard noir.

    -Naruto, tu n'as pas vu mon Sasuke-kun par hasard ?

    Elle a bien insisté sur son prénom, comme si elle cherchait à m'atteindre. Manque de bol, je n'en ai rien à faire. Ce genre de comportement puéril, je m'en contrefous totalement.

    -Il était dehors tout à l'heure, tu l'as pas vu ? répond évasivement Naruto.

    J'ai l'impression que le simple fait de répondre à la question de Karin l'ennuie. C'est peut-être moi qui me fait des idées, mais on dirait que Naruto se moque un peu de sa présence. Elle a du le sentir elle aussi, vu qu'elle tourne les talons sans demander son reste. Je n'arrive pas à m'empêcher de sourire, et me tourne une dernière fois vers Naruto.

    -Encore merci pour tout à l'heure. J'y vais, à plus tard.

    -Euh ouais, à plus… Sakura, me répond t-il dans un sourire timide.

    Je reste stupéfaite. Il m'a appelé par mon prénom ! Cela faisait un moment, et je dois dire que j'en suis plutôt heureuse. Ça me redonne un peu le moral. Je repars vers le bâtiment pour me rendre vers ma classe. Le souffle court, j'arrive dans le couloir, et ralentis un peu. Je passe à l'angle d'un mur, et ce que je vois m'arrête dans mes pas. Sasuke est en train d'embrasser Karin, les mains dans les poches, et elle agrippée à son cou. Cette vue particulièrement répugnante pour moi, me donne la nausée dès le matin. M'armant de courage, et me remémorant les paroles de Sai, je ferme les yeux, et continue de marcher.

    -Traînée.

    C'est Tayuya. Je me stoppe automatiquement. Si elle continue comme ça, je risque de ne plus répondre de moi. Elle n'a pas compris le sens de ma baffe d'hier ou quoi ? Je me tourne vers elle et ses copines, pas loin de Karin. Celle-ci a d'ailleurs cessé son baiser avec lui, et me regarde dans un sourire perfide. Lui, lui ne regarde pas. Chercher ses yeux ne servirait à rien. Ravalant ma rage face à son indifférence, je tourne les talons, et entre dans la classe. Je me mets à ma place habituelle, et soupire un grand coup. Je ne vais pas pouvoir les supporter longtemps celles-là. Mes yeux regardent dans le vide, lorsqu'une voix me tire de ma rêverie.

    -Euh… est-ce que je… peux me mettre ici ?

    Je tourne la tête vers la voix douce et bafouilleuse qui vient de me parler, et me retrouve nez à nez avec une jolie brune aux reflets violets. Ses yeux sont blancs comme une perle, et je ne peux m'empêcher de la trouver très jolie. J'acquiesce de la tête, et je l'entends me murmurer un faible « merci » avant de s'asseoir. Du coin de l'œil, je l'observe. De profil, elle ressemble à quelqu'un, quelqu'un dont je n'arrive pas à me souvenir du nom. Ça m'énerve, je suis sûre que c'est quelqu'un du lycée. Perdue dans mes songes, j'aperçois aussi à la porte une nouvelle tête que je ne connais pas. Une blonde aux yeux bleus entre, et se met carrément à l'opposée de moi. Je la vois me jeter un regard en s'asseyant, et je détourne le mien. C'est qui cette fille elle aussi ? Les élèves finissent de se mettre à leur place, et Karin et sa bande arrivent à leur tour. Aussitôt, elles braquent leur regard vers moi, et je leur renvoie le même regard, à la seule différence que le mien est rempli d'une haine incommensurable, en particulier envers Karin. Puis elles tournent leur attention vers la blonde, et prennent enfin place, au moment où Jiraya-sensei arrive.

    -Bonjour à tous ! Premièrement, Tsunade m'a annoncé l'arrivée de deux nouvelles charmantes demoiselles dans notre classe. J'aimerais qu'elles puissent se présenter dans le calme s'il vous plaît. Bon, toi la première. C'est quoi ton nom ?

    -Yamanaka Ino.

    -Très bien, et toi ?

    -M-moi ? Hyuuga H-Hinata, balbutie ma nouvelle voisine de cours.

    -Parfait ! J'espère que vous vous plairez toutes les deux dans notre lycée, et surtout dans votre classe ! Bon, on reprend où nous étions. Les nouvelles, n'hésitez pas à demander de l'aide.

    Hyuuga. C'est pour ça qu'elle me disait quelque chose, elle porte le même nom qu'un ami de Sasuke de sa bande. Neji Hyuuga. Un mec que je n'ai jamais vraiment réussi à cerner, même à force d'avoir l'habitude de le fréquenter. Sans doute parce qu'il ne parle jamais, je ne l'ai que très peu entendu. Ils doivent sans doute avoir un lien de parenté, c'est forcément obligé vu leur ressemblance. Le prof commence son cours, et je sors mon livre lentement. Je garde dans mon esprit l'image de leur baiser, et qui me rend triste. Parce que d'un côté, je ne peux m'empêcher d'envier cette sale peste. Mais pourquoi, pourquoi l'avoir choisi elle plutôt que moi ? J'inspire un grand coup, et tourne la tête vers la fenêtre. Ma nouvelle voisine gratte à fond sur le cours alors qu'elle vient à peine d'arriver. J'aimerais pouvoir redevenir comme elle, à bosser comme une dingue pour pouvoir obtenir des résultats. Résultats que je n'ai jamais forcément obtenu, sauf en maths. Mais je mets plus ça sur le compte de mes révisions avec Sasuke. Lui, c'est clair qu'il les aura ses examens. Me maudissant pour penser encore à lui, je tourne la tête vers l'autre nouvelle arrivante, Ino Yamanaka. Vu son physique et ses courbes avantageuses qu'elle affiche sans gêne, pas la peine de se demander si elle va avoir du succès auprès de la gente masculine. Néanmoins, je la trouve très belle. Elle affiche sur son visage une assurance sûre, que je lui envie. Sentant sûrement mon regard, elle se met à me fixer, et je baisse les yeux vers mon cahier. Les deux heures passent incroyablement vite, comme à chaque fois, sauf que la blonde ne m'a pas lâché du regard. Ça a eu le don de m'agacer, j'ai déjà bien assez de Karin et de ses poufs. Je me lève pour sortir marcher un peu dans le couloir, et vois Hinata rester à sa place, le regard dans le vide. Elle a l'air faible, et ça me fend un peu le cœur de la voir ainsi. J'espère qu'elle va vite s'adapter, surtout quand on est dans la classe de Karin. Pourquoi est-elle venue dans ce lycée ? Je hausse les épaules, après tout, je n'ai pas à m'en mêler. Je passe par la porte, et entend Karin parler à la blonde, entourée de ses copines. C'est étrange, mais je la vois bien s'intégrer dans leur groupe. Une pouf de plus ! C'est bien ma veine. Je me dirige vers les escaliers qui mènent au toit. Il n'y a personne à cette heure-là, sans oublier que le temps n'est pas clément. Je profite de la brise légère, et observe la cour du lycée bondée par tous les élèves profitant de la pause. Il me reste encore une heure de biologie, et ce sera l'heure de manger. Me rappelant soudain du fait que je voulais trouver Sai, je me rue à nouveau dans les escaliers, et cours jusqu'à sa classe. J'y jète un rapide coup d'œil, pour m'assurer que Sasuke ne s'y trouve pas, et aperçois Sai dans le fond. Il lève ses yeux vers moi, et m'adresse un sourire éblouissant, qui égaye ma journée d'un seul coup. Il se lève, et me rejoint à la porte.

    -Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? me demande t-il tout en se posant à côté de moi.

    -Oh, rien de bien grave, je suis tombée hier, mentis-je. Ça va ?

    -Moi ? A merveille. Je voulais te voir justement, je me demandais si tu voulais bien…

    -Je crois qu'on a eu la même idée, le coupai-je. Je veux bien manger avec toi, oui.

    -Ah tant mieux ! J'avais peur que tu refuses à vrai dire.

    Il m'arrache un petit rire, et me rejoint. C'est étonnant comme sa simple présence me fait vraiment du bien. J'ai l'impression de me sentir vivante à ses côtés, alors que ça ne fait qu'un jour que je le connais. Je me rapproche de lui à une vitesse folle, que je n'ai même pas ressenti avec Sasuke. En parlant de lui, je le vois arriver au loin avec Naruto. Tiens, pour une fois qu'il n'est pas avec sa pouf. J'ai l'impression que Naruto l'agace d'ailleurs, je le vois sur l'expression de son visage. La même lorsque moi je l'emmerdais pour des futilités. Ma vue se brouille, et je fais un effort surhumain pour ravaler mes larmes.

    -Ça ne va pas Sakura ? me demande Sai, soucieux.

    -S-si si ! Je vais bien, je t'assure. Juste une poussière dans l'œil, répondis-je en baissant les yeux.

    La vieille excuse bidon. Mais je ne veux pas lui dire la véritable raison. Il se moquerait de moi, du fait que je m'accroche naïvement à quelque chose qui n'existe plus. Et le pire, c'est qu'il aurait largement raison. Je le sais au fond de moi, alors pourquoi je continue à espérer un signe quelconque de sa part ? Dès que j'ai entendu sa voix hier soir, je me suis sentie soulagée, comme si c'était normal que Sasuke vienne à mon aide, comme si tout était… comme avant. Mensonge. Rien n'est plus comme avant. Et il me l'a clairement fait comprendre en se taisant à nouveau. En nous voyant, j'ai l'impression que ses pas ralentissent. C'est sans doute mon imagination. Je le vois entrer dans sa salle rapidement, tandis que Naruto me fait un faible sourire. Je me tourne vers Sai.

    -Tu devrais rentrer toi aussi.

    -Hum, ce n'est pas faux. Toi aussi je te signale.

    -Oui, tu as raison. Bon, ben je te rejoins à la même place qu'hier ? Si il ne pleut pas.

    -Je pense que ça va s'éclaircir. Mais pas de soucis, on se retrouve au même endroit. Bon cours.

    -Merci, toi aussi, murmurai-je d'une voix basse.

    -Merci. Au fait, juste comme ça mais… Uchiwa t'a regardé quand il est passé. Longtemps même.

    Sous mon regard incrédule, il rentre dans sa classe, et reprenant mes esprits, je jète un coup d'œil rapide dans la sienne en passant. Le regard noir de Sasuke me transperce de plein fouet, et je n'arrive pas à le déchiffrer une nouvelle fois. Faut dire aussi que je n'ai pas vraiment le temps de m'attarder dans ses yeux ténébreux. Sai a du se tromper, il ne devait pas me regarder. Impossible. Je rejoins ma place, et trouve Hinata toujours assise, dans la même position. Les rires des autres pétasses à droite me foutent la migraine. Je m'autorise à les regarder, mais change vite d'avis en croisant le regard topaze de la blonde. Sortant mon cahier de biologie, je tourne les pages rapidement, cherchant le chapitre sur lequel on travaille.

    -Et elle dans le fond ? C'est aussi votre amie ?

    -Elle ? Pff ! C'est la pire des connasses de tout le lycée tu veux dire !

    Pour un peu, je rirais de leur insulte, qui ne me fait ni chaud, ni froid. J'y suis trop habituée maintenant. Le prof arrive, et tout le monde regagne sa place.

    -E-excuse-moi, mais tu peux me dire la page s'il te plaît ?

    Je me tourne vers Hinata. Elle a l'air gênée de me demander simplement cela. C'est amusant, mais je sens qu'elle et moi allons bien nous entendre.

    -Page cinquante-trois.

    -M-merci. C'était bien toi qu'elles insultaient non ? murmura t-elle à voix basse.

    -Ah, ouais, soufflai-je à mon tour. Ne fais pas attention à elles, elles n'en valent vraiment pas la peine.

    -Je le pensais déjà, répondit-elle en souriant faiblement.

    Souriant à mon tour, je me plonge dans la leçon. C'est clair, je sens que je vais vraiment apprécier Hinata. Et quand à la blonde qui me fixe à nouveau, je l'attends au tournant. Dans mes songes, je me mets à repenser à ce que m'a dit Sai. Et encore une fois, contre ma volonté, ou peut-être parce qu'elle n'est pas présente, mes pensées divaguent sur ses yeux d'encre impénétrables et hypnotiseurs. Ceux de Sasuke.


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